Les anciens Chefs de gouvernement occupent, ces derniers temps, la scène médiatique et dressent tous un tableau négatif de la situation du pays. Benbitour, Hamrouche et Ghozali rendent le Président de la République responsable du blocage des réformes économiques, insinuant son incapacité à sortir le pays du marasme socio-économique dans lequel il se débat. Les anciens chefs de gouvernement occupent, ces derniers temps, la scène médiatique, et dressent tous, un tableau négatif de la situation du pays. Benbitour, Hamrouche et Ghozali rendent le Président de la République responsable du blocage des réformes économiques, insinuant son incapacité à sortir le pays du marasme socio-économique dans lequel il se débat. Benbitour va jusqu'à proposer une élection présidentielle anticipée à ses yeux, seule alternative susceptible de donner un nouveau souffle à une dynamique qui s'est enlisée dans des considérations secondaires. Pour l'ancien Chef du gouvernement, Bouteflika est le grain qui fait grincer la machine Algérie. Disant craindre une régression du pays et la perte de tous les acquis démocratiques, Benbitour met le chef de l'Etat en ligne de mire, estimant que son départ pourrait être l'ultime chance de sortie de crise de l'Algérie. L'ex-Chef du gouvernement, qui a donné une conférence à l'université d'été du MSP, situe les enjeux de l'heure en termes de gouvernance, évacuant les débats qui ont cours actuellement au sein de la classe politique autour des réformes de fond initiées par Bouteflika. Aussi, Benbitour ne s'est pas exprimé sur les dossiers de l'éducation et de la justice, réservant l'essentiel de ses critiques au style de gérance du Président de la République, avec une pointe particulière sur la question de la légifération par ordonnance qui semble l'agacer au plus haut point. Un autre Chef du gouvernement a répondu à l'invitation estivale du parti de Mahfoud Nahnah. Il s'agit de Mouloud Hamrouche. L'ancien Premier ministre de Chadli, même si le départ anticipé de Bouteflika ne figure pas parmi ses priorités, n'en rejoint pas moins Benbitour dans son appréciation de la façon dont sont menées les affaires de l'Etat. Hamrouche, qui, soit dit en passant, s'est opposé à la démarche de Benbitour, accorde une importance considérable à la nécessité de laisser toute la liberté à la société de s'exprimer et d'agir sur le politique. Ce que, selon lui, Bouteflika ne semble pas près, d'accorder dans l'immédiat. Il faut croire que les réformes de fond n'intéressent pas Hamrouche non plus. Ce n'est sans doute pas un hasard que ces deux personnalités politiques, qui ont en commun leur non-appartenance à aucune structure partisane et dont l'ambition politique est avérée, ont répondu favorablement à l'invitation d'un parti, dont le leader ne peut être présidentiable au regard de la loi. Y a-t-il là-dessous un test de recevabilité pour un éventuel soutien dans le cadre d'une candidature à la prochaine présidentielle? Une interrogation sans doute un peu prématurée, mais que certains observateurs n'hésitent pas à se poser au vu de la franche opposition du MSP à la démarche du chef de l'Etat sur la question des réformes justement. En outre, le pari sur la réduction du mandat présidentiel étant jeté dans certains cercles mafieux, actuellement déstabilisés par l'action du gouvernement, il est permis de rêver. D'autres chefs de gouvernement, qu'a comptés l'Algérie, depuis sa démocratisation, ont choisi l'université d'été du RCD pour s'exprimer. C'est ainsi que Sid-Ahmed Ghozali et Rédha Malek n'ont pas hésité à marquer leur appartenance au camp républicain qui met la lutte contre l'Islam politique en tête de liste de ses préoccupations. Il est donc évident que l'analyse des deux candidats malheureux de la dernière élection présidentielle, est en totale contradiction avec celle défendue par Benbitour et Hamrouche. On a, en effet, insisté dans le conclave du RCD sur l'impérieuse nécessité de faire barrage au projet islamiste dont le système corrompu se nourrit pour se perpétuer. Cela dit, les deux ex-Chefs du gouvernement divergent dans leurs visions des choses, sur le rôle joué par Bouteflika dans l'arène politique. Mokdad Sifi, technocrate jusqu'au bout des ongles, mais qui a été tenté par l'aventure de la présidentielle d'avril 99, n'est pas en reste. Privilégiant une approche économique pour une réelle sortie de crise du pays, Sifi a fait une sortie médiatique plutôt timide, mais qui s'inscrit dans la tendance qui veut que les anciens hauts cadres de la nation sortent de leur mutisme pour critiquer leurs successeurs. Exclu du RND, l'ancien Chef du gouvernement de Liamine Zeroual a, sans doute, l'intention de se placer dans la course. Il faut dire que le prochain rendez-vous électoral, qui pourrait le concerner, n'est pas si loin que cela. Les prochaines législatives sont très proches. Cela étant, à voir les lectures des uns et des autres sur la crise qui secoue le pays, il convient de conclure qu'il existe autant d'approches que de Chefs de gouvernement. Il sera difficile aux citoyens de se faire une opinion claire sur les enjeux réels. Une situation qui profitera sans doute à l'actuel premier responsable de l'Exécutif.