Depuis plus de huit ans, il y a un grand retour vers le pays et les terres que les propriétaires avaient abandonnées. Il est 8h45, le thermomètre du véhicule indique 1 degré au-dessus de zéro, sur la RN77 à 24 kilomètres de Batna, à plus de 1 400 mètres d'altitude, Hidoussa vous souhaite la bienvenue. La Sibérie, comme se plaisent à la nommer ses habitants, Lehouadsa, qui ne dépassent pas les 2 300. Si le siège de l'Assemblée populaire communale n'a été réalisé qu'en 1984, cette petite agglomération avait déjà une mairie en 1959, à l'époque coloniale. Aussi bien le chef-lieu de la commune que toute la région avec ses différents hameaux et dechras (Tadkht, Tazourit, Bouizene, Nefla…) ont connu un exode vers les voisines Mérouana et Batna, surtout durant les années 1990, à cause du terrorisme qui n'avait pas épargné la région. Depuis plus de huit ans, il y a un grand retour vers le pays et les terres que les propriétaires avaient abandonnées. À l'entrée du village, et au bord de la route, la pomme, une production locale, est proposée aux automobilistes, signe des temps et changement de cap. Dans les années 1970, c'était la noix, une expérience ramenée de Pologne. Le noyer, trop fragile, trop encombrant, et peu rentable, les petits fellahs semblent avoir compris qu'on n'est jamais mieux servi que par soi, mais aussi et surtout, personne ne connaît mieux la terre que ses propres enfants. Au siège de l'Assemblée populaire communale de Hidoussa, le secrétaire général, Bouchama Amar, ainsi que l'adjoint au P/APC, M. Driss, nous parlent avec grand optimisme de l'avenir de leur village, surtout si le projet d'alimentation en gaz de leur commune voit le jour. “Le village connaît un net progrès surtout dans le domaine agricole, soit avec les aides de l'Etat, ou par les investissements privés, qui ne sont certes pas très importants, mais je suis convaincu que l'alimentation en gaz va en encourager plus d'un à investir. Vous avez certainement remarqué le nombre important d'arbres fruitiers dont douze mille pommiers. Il y a 283 agriculteurs et ils exploitent plus de 17 000 hectares. C'est important, si l'on compare avec les années passées. Et ce n'est pas tout, l'apiculture marche bien aussi, vous n'êtes pas sans savoir, que l'un ne va pas sans l'autre, arboriculture et surtout le pommier pour sa pollinisation d'abeilles. Nous avons 4 exploitations (pépinières) en plus d'une trentaine de petits apiculteurs”. Dans les champs de Hidoussa et la petite localité de Rhaouet ce n'est pas l'eau qui manque. Les cultivateurs et les producteurs de pommes utilisent des seguias, dont la source alimente toute la région et n'est jamais tarie. Si l'agriculture connaît ou reconnaît son âge d'or, les autres secteurs ne sont pas moins lotis, même si de petites tracasseries persistent et constituent une gêne pour les citoyens. L'adjoint au P/APC, M. Driss, apporte quelques précieuses informations : “Si nous avons réglé le problème de la scolarité, c'est le transport et la santé qui nous donnent du souci. Pour la santé, ce n'est pas l'infrastructure nécessaire qui manque (3 salles de soins) c'est la présence en permanence du médecin qui ne vient que deux ou trois fois par semaine. Mais, il nous manque le matériel nécessaire pour les accouchements, les citoyens doivent se déplacer soit à Merouana, à 17 kilomètres, ou à Batna, à 23 kilomètres. Vous pouvez le constater sur le registres des naissances, les naissances semblent être rares, or elles se font ailleurs. Pour le transport, toute la commune est tributaire des transporteurs qui font la navette entre Batna, Merouana ou Ikhf Nouamen. Aucun départ de notre localité, hormis les taxis clandestins.” À Rahouet (moulins), l'automne semble ne pas avoir une grande prise, les jardins luxuriants gardent leur verdure toute l'année durant. Ce n'est pas le cas, pour les Moulins, qui existaient jadis, mais qui ont hélas tous disparu. Le dernier encore en état de service a rendu l'âme en dépit de l'attachement et des démarches de son propriétaire qui, après moult tentatives, a fini par abandonner. Un danger sournois mais apparent, pour celui qui veut voir, la pollution rampante a commencé à s'installer dans ces lieux et les responsables sont appelés à prendre les mesures rapides et justes.