Les sondages du second tour de la présidentielle au Brésil qui se tient aujourd'hui ont donné Dilma Rousseff, la dauphine de Lula, largement devant son adversaire social-démocrate José Serra. Le géant sud-américain sera alors dirigé par une femme, ce qui n'est pas du tout une nouveauté dans la région. Dilma a bénéficié de l'immense popularité de son mentor, le président sortant Lula, au sein des 136 millions de Brésiliens appelés à voter. La candidate du Parti des Travailleurs avait été empêchée de passer au premier tour du 3 octobre par un important paquet de Lullistes effrayé par ses déclarations tranchées sur l'avortement et le mariage gay, au profit de la candidate écologiste et fervente évangéliste, Marina Silva, une dissidente du parti de Lula. Dans le plus grand pays catholique du monde, les évêques ont recommandé de ne pas choisir des “candidats de la mort”. Diabolisée sur Internet, dans la presse de droite et dans les églises et les temples, Dilma a dû faire marche arrière et s'est engagée auprès des autorités catholiques et évangéliques à ne pas légaliser l'avortement. En outre, le président sortant a dû remouiller sa chemise pour refaire la promotion de sa dauphine et mobilier les indécis qui n'avaient pas voté au premier tour. Et dans le débat rationnel sur thèmes économiques et politiques, Lula reste imbattable, en raison des succès de ses deux mandats, ce qui a boosté sa candidate. L'économie est en plein boom et 29 millions de Brésiliens sont sortis de la misère au cours des huit années de Lula. Reprenant à son compte les succès de son prédécesseur, croissance économique, diminution de la misère malgré une orthodoxie budgétaire, rôle du Brésil sur la scène internationale, Dilma Rousseff a promis d'aller le plus loin possible. Ça sera en tout 50 millions, ce n'est pas rien mais si le recul de la misère a été notable et reste un objectif essentiel, les inégalités sociales restent l'un des problèmes structurels de la huitième puissance économique mondiale. En axant sa fin de campagne sur l'enjeu de la justice sociale, l'ancienne Premier ministre à la Maison civile (le cabinet présidentiel), a marqué des points qui restent à vérifier dans les urnes d'aujourd'hui.