Dilma Rousseff, la dauphine du président Lula, a pris l'ascendant dans les sondages sur son rival social-démocrate José Serra pour le second tour de l'élection présidentielle le 31 octobre. D'après un sondage de l'institut Ibope diffusé jeudi, Dilma obtient 51% des intentions de vote contre 40% à Serra, ex-gouverneur de Sao Paulo, soit six points de plus que la semaine dernière. Ce nouveau sondage montre que la candidate du Parti des Travailleurs de Lula (PT, gauche) a renversé une tendance négative depuis le premier tour du 3 octobre et a repris l'avantage, selon les analystes. Près de 136 millions de Brésiliens choisiront le 31 octobre le successeur du populaire Luiz Inacio Lula da Silva qui ne peut briguer un troisième mandat consécutif après huit ans de pouvoir. Après la polémique sur l'avortement, Dilma Rousseff a mobilisé les militants du PT, les mouvements sociaux comme les Sans Terre ainsi que les artistes et intellectuels tels que le chanteur Chico Buarque ou l'architecte de Brasilia, Oscar Niemeyer, âgé de 102 ans. Dans le plus grand pays catholique du monde, la Conférence des évêques du Brésil (Cnbb) a défendu le droit de l'Eglise catholique à s'opposer à l'avortement dans l'élection présidentielle. «Chaque évêque a le droit voire le devoir d'orienter les fidèles de leurs diocèses selon leur conscience», a dit le président de la Cnbb Geraldo Lyrio Rocha, lors d'une conférence de presse, soulignant que «l'Etat était laïc mais que la société brésilienne était profondément religieuse». Au premier tour, les évêques avaient recommandé de voter pour les candidats «en faveur de la vie», portant préjudice à Dilma Rousseff qui s'était dite favorable à l'avortement pour des raisons de santé publique. Dans les derniers sondages cependant, elle obtient le soutien de la moitié de l'électorat catholique. Mais elle est devancée par son adversaire chez les électeurs évangélistes, alors que les églises pentecôtistes en pleine croissance au Brésil ont appelé à ne pas voter pour elle. Dilma Rousseff a tenté de contrecarrer ce mouvement en adressant une lettre ouverte aux églises dans laquelle elle s'engageait, si elle était élue, à ne pas légaliser l'avortement ni à prendre de mesures allant à l'encontre des valeurs défendues par les églises chrétiennes comme le mariage homosexuel. Les accusations de corruption ont également entaché la campagne, la pire dans l'histoire politique brésilienne, selon Leonardo Boff, ex-théologien de l'église catholique progressiste. Les deux candidats se sont accusés de diffuser des «mensonges» et des «calomnies» sur Internet et dans des millions de tracts diffusés dans les rues et les églises. Les principales attaques contre Dilma, largement reprises par la presse, ont porté sur les accusations de trafic d'influence contre son ex-bras droit, Erenice Guerra, qui a dû démissionner du gouvernement. Serra a lui aussi été mis en cause après qu'un haut dirigeant du gouvernement de Sao Paulo, dirigé jusqu'au début de la campagne par le candidat social-démocrate, a été accusé d'avoir détourné des millions de reals.