Les principaux candidats à l'élection présidentielle d'octobre au Brésil se sont affrontés jeudi soir lors de leur premier débat télévisé, lançant véritablement la course pour succéder au très populaire Luiz Inacio Lula da Silva. La dauphine de Lula, Dilma Rousseff, 62 ans, le candidat de l'opposition et ex-gouverneur de Sao Paulo José Serra, 68 ans, l'écologiste Marina Silva, 52 ans, ex-ministre de l'Environnement de Lula, et l'intellectuel d'extrême-gauche Plinio Arruda ont eu deux heures pour tenter de séduire les 135 millions d'électeurs du géant sud-américain; mais le débat a été des plus ternes, ressemblant à une succession de monologues. Mme Rousseff du Parti des Travailleurs (PT-gauche) et le social-démocrate Serra qui réunissent plus des deux tiers des intentions de vote, selon les sondages, ont exposé leurs idées sans émotion, évitant toute polémique. Ces deux principaux candidats manquent de charisme et proposent de poursuivre la politique de centre-gauche de Lula, fondée sur la croissance économique et une meilleure redistribution des richesses. Mme Rousseff a rappelé jeudi soir que le gouvernement Lula «a créé 14 millions d'emplois en moins de huit ans contre cinq millions» crées par le gouvernement précédent du parti de son principal adversaire, Serra. Elle a insisté également sur le fait que le gouvernement du PT «a sorti 31 millions de Brésiliens de la misère». Pratiquement inconnue de l'électorat, la dame de fer du gouvernement Lula ne disposait que de 26% des intentions de vote en décembre dernier contre 40% à Serra. Mais Lula n'a épargné aucun effort pour faire profiter sa dauphine de sa popularité record (plus de 80% après huit ans de pouvoir), la Constitution brésilienne ne lui permettant pas de briguer un troisième mandat consécutif. Aujourd'hui, l'économiste et ex-guérillera Rousseff a renversé la tendance et devance désormais Serra dans tous les sondages. Un sondage de l'institut Sensus diffusé jeudi lui donne dix points d'avance avec 41% des intentions de vote contre 31% pour Serra. Marina Silva, en lice pour les Verts, qui a claqué la porte du gouvernement Lula en 2008 estimant qu'il favorisait l'agrobusiness au détriment de l'agriculture familiale, obtient de 8 à 10% des intentions de vote. Lors du débat elle s'est dit favorable, sous certaines conditions, à la construction du barrage controversé de Belo Monte sur le fleuve Xingu en Amazonie, pourtant critiqué par un grand nombre d'écologistes. «Si on ne résout pas le problème des indiens (...) le projet ne peut pas être viable», a-t-elle souligné. Des indiens de la région du Xingu, soutenus par l'Eglise et le réalisateur du film Avatar, James Cameron, essayent d'obtenir des appuis contre la construction de ce barrage -le troisième barrage le plus grand au monde (11.000 MW)- qui devrait commencer en septembre. Le premier tour du scrutin présidentiel aura lieu le 3 octobre, en même temps que les élections des députés et des gouverneurs. Si aucun candidat n'obtient 50% des voix, les deux premiers s'affronteront lors d'un second tour le 31 octobre. Ce scrutin est le premier depuis 21 ans où Lula ne sera pas candidat. Avant d'être élu en 2002, l'ancien leader syndical avait été battu à trois reprises.