A une semaine du scrutin du 3 octobre, face à une opposition réduite à l'impuissance par la popularité record de Lula, Dilma Rousseff caracole en tête de la course à la présidence. Au sommet de sa popularité après huit ans de pouvoir, le président Luiz Inacio Lula da Silva est en passe de remporter sa dernière bataille politique: faire élire son successeur, l'inconnue Dilma Rousseff, donnée grande gagnante par tous les sondages. A une semaine du scrutin du 3 octobre, face à une opposition réduite à l'impuissance par la popularité record de Lula, Dilma Rousseff - que les Brésiliens appellent simplement «Dilma» - caracole en tête de la course à la présidence. Technocrate sans charisme, mais à la réputation de «dame de fer», Dilma a toutes les chances de devenir la première femme à diriger ce pays de 195 millions d'habitants en plein boom économique avec une croissance prévue de plus de 7% en 2010, la plus forte en 24 ans. La seule incertitude semble être est de savoir si cette ex-guérillera de 62 ans, emprisonnée pendant deux ans et torturée sous la dictature (1964-1985), sera élue dès le premier tour. Selon les derniers sondages, elle obtient entre 49% et 51% des intentions de vote face à son principal adversaire, le social-démocrate et ex-gouverneur de Sao Paulo, Jose Serra, 68 ans, loin derrière (24% à 28% des intentions de vote). La campagne électorale a peu passionné les Brésiliens car les deux candidats se sont inscrits dans le sillage de Lula, promettant de poursuivre une politique qui a donné au Brésil une nouvelle prospérité. La candidate des Verts et ex-ministre de l'Environnement de Lula, Marina Silva, 52 ans, qui se hisse à la troisième place avec 10% à 13% des intentions de vote, a joué les trouble-fête mais sans réussir à s'imposer. Quelque 135,8 millions d'électeurs sont appelés dimanche prochain aux urnes pour élire le 36e président du Brésil et devront y retourner le 31 octobre en cas de second tour. Le vote est obligatoire. Les Brésiliens vont aussi choisir leurs 517 députés, les deux-tiers du Sénat et leurs 27 gouverneurs. «Faire élire Dilma est ma priorité, parce qu'un bon gouvernement doit conduire son successeur à la victoire pour assurer la continuité des programmes mis en route», avait clamé Lula en février devant les militants de son Parti des Travailleurs (PT-gauche). La Constitution ne permet pas au président sortant de briguer un troisième mandat consécutif. Même les scandales et les accusations de trafic d'influence, qui ont forcé une importante ministre à démissionner dans les derniers jours de la campagne, n'ont pas bénéficié à Jose Serra. Cet ancien ministre de la Santé estimé pour son combat contre le sida, mais jugé terne, a vu au fil des semaines son large avantage initial s'effondrer dans les sondages. Après avoir déjà échoué face à Lula en 2002, puis passé son tour en 2006, le social-démocrate a une nouvelle fois retrouvé sur son chemin l'ancien ouvrier métallurgiste. Car Lula a quotidiennement sillonné le pays pour soutenir son ex-ministre chef du gouvernement qui se présente pour la première fois à une élection. Dilma n'a pas ménagé non plus ses efforts pour séduire les électeurs: elle s'est soumise à une chirurgie esthétique pour adoucir son visage, elle a changé de coiffure, de style vestimentaire et a ôté ses grosses lunettes. L'avenir de Lula, qui quittera le pouvoir le 1er janvier à 64 ans, reste incertain. Revenir en 2014? Diriger un organisme international? Dans les deux cas, il a récusé l'idée. Sa seule ambition, a-t-il assuré, est de «populariser» les politiques sociales menées au Brésil auprès de pays africains.