RéSUMé : Fettouma se prépare au grand départ. On lui apprend un tas de choses. Comment entretenir son corps et tenir une maison. Des choses qu'elle connaissait déjà depuis sa tendre enfance. Mais au fond d'elle-même, elle se promet de n'en faire qu'a sa tête… 10eme partie Le grand jour arrive très vite. Un imam vint officialiser le mariage et réciter la Fatiha devant une assistance mâle composée de proches et de voisins. Des youyous fusèrent du haut des balcons et la fête s'annonça belle et assez tumultueuse. On chante, on danse, on rit, on plaisante, on boit, on mange et on souhaite au jeune couple une longue vie pleine de bonheur. Fettouma est “exposée” devant une armada de femmes jeunes et moins jeunes, qui ne cessaient de l'entourer et de la cajoler. Ses sœurs, Faïza et Samia, ne la quittaient pas d'une semelle. Elle était une toute jeune mariée, dont le visage auréolé de bonheur faisait plaisir à voir. - Un ange… Un ange ! s'exclamèrent quelques vieilles voisines, qui la connaissaient depuis ses premiers pas. Fettouma souriait pudiquement à l'une et à l'autre, tout en gardant les yeux baissés. Mille et une recommandations de sa mère et de ses sœurs ont fait d'elle cette “statuette” gracieusement déposée au milieu de cette assistance féminine, qui ne lésinait pas sur les mots pour faire des remarques acerbes à tout point de vue. Fettouma étouffait dans cette atmosphère, mais prit sur elle-même pour garder un visage serein et un air un peu triste. Comme toutes les mariées, le stress l'avait submergée des jours auparavant. Elle était triste de quitter ses parents, bien que le mot lui paraisse incongru, puisqu'elle va habiter juste en dessous de leur étage. Faïza vint lui chuchoter à l'oreille : - C'est le moment, lla Kheïra vient d'envoyer sa fille Malika pour nous demander de te préparer. Fettouma acquiesce et se lève. Les youyous reprirent de plus belle. On lui enfile le burnous et on camoufle son visage dans un long foulard en soie. Ses babouches dorées étaient un peu grandes pour elle, et elle sut que si l'une des femmes qui la tenait chacune par un bras fait un faux pas, elle va tomber tel un sac de semoule. Pourvu que ce ne soit pas dans les escaliers, se dit-elle. Des larmes embrumèrent son regard. Elle tente de s'essuyer le visage, mais ses bras étaient emprisonnés dans le burnous. Elle se sentit tout d'un coup mal dans sa peau. Une bouffée de chaleur remonte des tréfonds de son âme. Un profond malaise s'empare de son cœur. Elle repense aux paroles de sa mère et revoit le regard franc et direct de son père. “Papa… Maman !” se surprit-elle à prononcer. Elle sentit de longues larmes tracer son visage. Quelqu'un vint soulever le foulard et l'embrasser sur les deux joues. Est-ce sa mère ? Elle ne le saura jamais. à suivre Y. H.