RéSUMé : Fettouma est perplexe. Les choses allaient trop vite à son goût. Sa mère venait de lui annoncer qu'elle devrait se préparer à se marier dans les quinze jours à venir. La jeune fille sentit une tristesse l'envahir. C'est à son enfance qu'elle doit dire adieu… 8eme partie Mais le destin en avait décidé ainsi. Elle se met à caresser sa poupée et à lui parler : “Tu vois ma puce, je vais devoir t'abandonner pour entamer une autre vie. J'aurais voulu que tu m'accompagnes, mais lla Kheïra va clamer tout haut et raconter à tout le voisinage que je ramène une poupée dans mon trousseau et que je ne suis qu'une sale enfant gâtée, pourrie, qu'elle a eu la malchance d'avoir pour bru. Elle va se lamenter et prendre en pitié son fils Mahmoud qui n'aura pas fait le bon choix…” Fettouma verse encore quelques larmes, puis ressort de son “coin” pour aider sa mère à dresser la table du dîner. Son père était déjà rentré et sirotait un café. Elle l'embrasse sur le front et détourne vivement la tête, pour qu'il ne remarque pas ses yeux rougis. Un hibou pousse un cri lugubre et sa mère lance : “Que ton cri aille en enfer oiseau de mauvais augure et que Dieu nous préserve des malheurs.” Fettouma sortit sur le balcon pour ramener la table basse qu'on déposait à l'entrée de la porte afin d'avoir un peu plus d'espace à l'intérieur de la grande chambre. - Aujourd'hui, je vous ai préparé un plat que vous affectionnez tous les deux, dit lla Z'hor en souriant. - Qu'as donc préparé femme ? - Tu n'as qu'à en humer les odeurs. Si Ahmed redresse la tête et ses narines frémissent un moment. Il sourit, satisfait : - Du mesfouf ? - Oui du mesfouf au petit lait. - Hum… Je sens déjà mes intestins gargouiller. Qu'attends-tu femme pour nous servir le dîner ? - J'en ai pour une minute. Elle jette un coup d'œil à Fettouma, et cette dernière dépose les assiettes, les couverts et les serviettes. Il dînèrent silencieusement, puis Si Ahmed quitte les lieux pour aller retrouver quelques voisins au café du quartier, question de se changer les idées. Mais, avant cela, il avait jeté un regard assez conséquent à sa femme. Cette dernière avait hoché la tête et pris son air sérieux des grands jours. Fettouma, à qui rien n'avait échappé, avait remarqué le manège. Elle se met à débarrasser la table, mais sa mère la retient par le bras. - Laisse tout ça et viens t'asseoir auprès de moi ma fille. Fettouma, qui s'attendait un peu à ce que sa mère lui prodigue mille et un conseils pour le grand jour, ne se fera pas prier. Lla Z'hor entoure de son bras les épaules de sa fille et lui dit : - Tu sais Fettouma, la vie conjugale n'est pas de tout repos. Tu vas devoir t'occuper de ton mari certes, mais aussi de tes beaux-parents. Lla Kheïra n'est pas une femme facile, je le concède, mais Si Tayeb est un brave homme, tout comme son fils. Et je sais qu'il ne laissera personne te faire du mal. - Qui voudra me faire du mal maman ? Lla Kheïra ? - Euh… Peut-être ! Tu sais que les belles-mères sont parfois jalouses de leurs brus, mais ce n'est pas autant pour cela qu'elles sont mauvaises. Parfois, ce sont les circonstances qui les poussent à faire du mal. - Quelles circonstances. Lla Kheïra vit bien. Son mari est un grand commerçant et son fils lui obéit au doigt et à l'œil. à suivre Y. H.