RéSUMé : Fettouma apprend qu'on venait d'accorder sa main à son jeune voisin du rez-de-chaussée. Encore un gamin, estime-t-elle, alors qu'elle-même venait de boucler ses 15 ans. Sa mère lui assure qu'elle avait de la chance de connaître son futur mari... 3eme partie Elle rejette les franges de son foulard dans son dos avant de se lever et de conclure : - En ce qui te concerne, ma fille, je crois que ton père a fait le bon choix. Où iras-tu dénicher un type comme Mahmoud. Un garçon sérieux, bien éduqué et travailleur. Et tu sais bien que de nos jours, le travail ne court pas les rues, et la misère a vite fait d'engloutir des familles entières. Elle brandit son index avant de poursuivre : - Fettouma… Ne sois surtout pas exigeante et respecte le choix de ton paternel. Mahmoud me plaît beaucoup et ton père fait ses éloges tous les jours que Dieu fait. Fettouma passe la moitié de la nuit les yeux grands ouverts dans le noir. Elle venait de recevoir une demande en mariage, mais son cœur ne s'était pas du tout emballé. Pourtant, les jeunes voisines lui avaient prédit que ce genre de demande ne laisse aucune femme sans réaction. Il y en a qui ne vivent que pour cela. Des centaines de filles rêvent de ce jour assez particulier et décisif pour elles. Fettouma enroulait et déroulait ses deux tresses autour de ses doigts. Elle aimait bien Mahmoud. Ce jeune brun à la moustache naissante faisait l'envie de plus d'une voisine, elle le savait bien. Mais, pour elle, qui a toujours partagé ses jeux d'enfant, elle ne voyait en lui que ce grand frère qu'elle n'avait pas. Un ami d'enfance qu'elle ne voyait ces dernières années que très rarement. Et quand il leur arrivait de se rencontrer près du portail ou dans la cour, parfois en fin de journée, ils baissaient tous les deux pudiquement les yeux. Mais Fettouma croisait son regard ou l'épiait à travers le rideau d'une fenêtre du rez-de-chaussée. La jeune fille hausse les épaules et se retourne plus d'une fois dans son lit. “Après tout, se dit-elle, maman a raison. Mahmoud vaut mieux qu'un autre homme que je ne connais pas. Et qui sait sur qui je pourrais tomber. Les voies du destin sont impénétrables.” Enfin, elle sombre dans un profond sommeil et n'entendit même pas sa mère se lever aux aurores pour préparer le café comme à ses habitudes, ni son père qui toussotait avant de descendre les escaliers pour se rendre à son travail. Le soleil était assez haut dans le ciel, quand Fettouma daigne enfin ouvrir les yeux. Elle s'étire et se demande pourquoi elle avait cette bizarre sensation que quelque chose allait lui arriver. La mémoire lui revint d'un coup et elle repense à la conversation qu'elle avait eue avec sa mère la veille. Elle sourit et se lève avant de relever le rideau qui la séparait de la grande chambre. - Ah ! te voilà enfin, Fettouma, la sermonne sa mère. Il n'est pas trop tôt ; tu as dormi comme une marmotte. À suivre Y. H.