RéSUMé : Boualem l'avait observée depuis son arrivée. Elle se retenait de vivre. Il ne comprenait pas. Ghania ne leur dit rien. À quoi bon… 13eme partie Boualem et Zohra ignoraient que si la vie avait continué son cours normal, en Ghania, quelque chose était morte depuis plusieurs années. Pour l'instant, peut-être pour toujours, elle ne pouvait dévoiler quoi que ce soit. Elle devra faire sa vie avec. Au cas où elle le dévoilerait, elle signerait sa mort et celle des autres. Zohra et Boualem regrettèrent presque d'avoir tenté de percer le secret de Ghania. La jeune fille ne leur parlait presque plus, seulement bonjour le matin et bonsoir lorsqu'elle rentrait d'une journée passée dehors.Le matin, il lui arrivait de ne pas prendre même une tasse de café ; quand elle ne sortait pas, il était très difficile de lui faire quitter sa chambre. Cette attitude dura longtemps. Boualem et Zohra ne savaient plus quoi faire. Ils étaient profondément chagrinés de la voir soucieuse, amaigrie et, surtout, toujours sur ses gardes. Le seul avec qui parlait Ghania était son neveu Samir qui se préparait au bac. Mais, parfois, leur discussion ne durait pas plus de dix minutes, le temps juste de lui dire comment procéder dans ses exercices ou de l'écouter réciter ses leçons, en particulier ses définitions et ses théorèmes. Il était le seul pour l'instant à pouvoir la tirer de son mutisme. Sans la prévenir, il fit venir ses copains et copines pour qu'elle s'occupa d'eux, prétextant n'avoir rien compris aux cours. Et, durant deux ou trois heures, Ghania jouait la prof. Cela durait depuis trois semaines lorsqu'un jour, ils ne vinrent pas. - Où sont mes élèves ? demanda-t-elle à Samir qui entra seul dans sa chambre. Ont-ils décidé de sécher ? - Ils ont bien compris le cours aujourd'hui. Tu peux te reposer un peu. Samir s'assit en face d'elle au bureau et dit : - Je me demande ce que je deviendrai lorsque tu partiras ! Ghania ne répondit rien, le visage soudain blanc. Elle fit mine de ranger les feuillets où elle avait écrit quelques exercices destinés pour les cours particuliers, mais puisque ses élèves n'étaient pas là, elle les glissa dans une chemise. Ce serait pour une autre fois. Puis elle alluma la radio et feignit de s'intéresser au thème débattu par l'animateur et son invité. Durant quelques minutes, Samir la laissa tranquille le temps de l'émission. Lorsqu'elle fut terminée, il reprit : - Tu devrais passer voir une coiffeuse ! - Et pourquoi ne pas demander à une maquilleuse de venir ici ? ajouta-t-elle lorsqu'il se tut. Samir secoua la tête en lui répliquant : - Ton fiancé va être déçu en te voyant ! - De Moscou, il ne risque pas de me voir ! le rassura-t-elle en appuyant sèchement sur la touche de la radio pour l'éteindre. D'ailleurs, peu importe si je lui plais ou pas ! Elle se leva et quitta la chambre sans laisser le temps à Samir de lui apprendre que Lyès était de retour au pays depuis quelques jours et qu'il avait l'intention de venir à Alger. Samir le savait parce que Lyès était tombé sur lui en appelant. Il le trouva d'emblée sympathique. Il espérait que le courant passera bien entre lui et Ghania. Si elle faisait un effort… À suivre A. K.