Pour l'expert US, l'importance stratégique de l'Algérie, le pétrole et sa profondeur dans le Sahel en sont les raisons principales. Même si le régime algérien est “autoritaire”, il ne faut pas s'attendre à ce que “l'Occident” le déstabilise. C'est l'un des constats du politologue américain, Clément Moore Henry, lors de la conférence qu'il a animée samedi, en fin de journée, à l'hôtel Mercure, dans le cadre des débats d'El Watan. La déclaration du professeur en sciences politiques à l'université du Texas (Austin, Etats-Unis) était en réponse à l'intervention de l'ex-Premier ministre (de juin 1991-juillet 1992), Sid-Ahmed Ghozali. Ce dernier avait accusé les pays occidentaux d'“hypocrisie cynique” et de “favoriser la pérennisation des pouvoirs autoritaires”, tout en affirmant que cela n'a pas la “forme” d'une ingérence. Le premier P-DG de Sonatrach (1966-1979) a tenu à rappeler les accords de Barcelone signés en 1995 qui stipulaient la démocratisation des Etats. “Cela n'a pas été respecté” et beaucoup de pays ont été “complaisants”, a-t-il fait remarquer. Critiquant le statu quo actuel, SAG a utilisé une des phrases de l'un de ces professeurs en MDF (mécanique des fluides) à l'époque où il était étudiant à l'école des ponts et chaussées de Paris “plus ça change, plus c'est la même chose”. Continuant sur sa lancée “critique”, l'ex-Premier ministre semble avoir beaucoup d'espoir en la personne du président américain. Il n'hésita pas à lancer un “appel” à Barack Obama pour qu'il utilise “la force de l'exemple au lieu de l'exemple de la force”. De par sa réaction, Clément Moore Henry donnait l'impression de vouloir tempérer les “ardeurs” de Ghozali. Il a ainsi affirmé que “l'Occident, surtout ces jours-ci, a tendance à favoriser les régimes autoritaires”. À l'instar de l'égypte, il ne s'attend pas à ce que les pays occidentaux changent de position à l'égard de l'Algérie. Selon lui, la raison essentielle consiste en “la rente stratégique” que représente le pays “comme il y a une rente économique, il y a une rente stratégique comme par exemple les bases américaines au Maroc et pour l'Algérie consiste dans les profondeurs du Sahel”. Un statut qui enlèverait ainsi tout espoir de changement de régime “via” les pays industriels ! Moins important en “rente stratégique”, selon Clément M. Henry, la Tunisie “pourrait redevenir un pays pilote pour le monde arabe”. D'ailleurs, il remettra en cause le sens même du terme de régime autoritaire, même s'il a utilisé à plusieurs reprises “en politologie, c'est une catégorie bâtarde qui ne veut rien dire”. En revenant au thème de la conférence : “Les états arabes à l'épreuve de la globalisation”, le politologue américain a classé l'Algérie, en compagnie de la Libye, le Yémen, la Syrie et l'Irak, parmi les “états bunkers”. Tout en affirmant que l'état y est “faible”, il a indiqué que l'un des problèmes cruciaux consistait en l'absence de “corps intermédiaires entre l'état et la société civile”. Selon lui, il n'est pas trop tard, pour l'Algérie, “de prendre le train en marche”. Pour argumenter, il s'appuiera, entre autres, sur l'Histoire : “Le monde de la globalisation n'est pas étranger au monde musulman (…) aux 10e et 11e siècles, il n'y avait pas de frontières et les pays musulmans ne devraient pas se méfier d'un phénomène qu'ils ont bien maîtrisé il y a quelques siècles”. Toutefois, il faut noter que la conférence avait un goût d'inachevé. Même si elle a duré plus de trois heures, la teneur du débat était loin d'être de “haute voltige”. Mis à part celle de Sid-Ahmed Ghozali, les interventions des autres présents étaient loin d'être intéressantes. Soit ils étaient “hors sujet”, soit ils se contentaient de questions standard. Aussi, il faut préciser que le politologue américain ne donnait pas l'impression de bien connaître la situation de l'Algérie. Il l'avait surtout connue dans les années 50 en côtoyant les étudiants de l'Ugema (Union générale des étudiants musulmans algériens) sur lesquels, d'ailleurs, il vient de publier un livre. Visiblement, les spécificités du système algérien ne semblent pas être dans ses “cordes”. Il était plus à l'aise en parlant de l'égypte, un pays où il a vécu plusieurs années. Sid-Ahmed Ghozali lui avait même fait le reproche : “Vous auriez dû donner des cours aux Algériens au lieu des égyptiens”.