L'Occident et les USA estiment urgent de frapper le terrorisme là où les foyers potentiels de subversion se trouvent. «L'Occident seul, ne pourrait pas faire face aux actions terroristes d'une organisation comme Al Qaîda». C'est ce que soutiennent de nombreux analystes et observateurs de la scène sécuritaire internationale. C'est probablement la raison pour laquelle, les plus hauts responsables de la lutte antiterroriste occidentaux, et à leur tête, les Américains, ne cessent, particulièrement en aparté et en marge d'importantes rencontres, de solliciter l'expérience des ser-vices de sécurité algériens. Reconnaissance tardive ou juste retour des choses? Entre 1993 et 1998, les appels de l'Algérie à une solidarité internationale de lutte contre le terrorisme supranational sont restés sans écho. En Occident, le discours de l'Internationale socialiste, principal vecteur du «qui tue qui» faisait des ravages dans les rangs de certains cercles dirigeants et de nombreuses organisations non gouvernementales. Jusqu'à aujour-d'hui, notre pays subit encore les effets néfastes de ce «regard en biais et réducteur». Pour preuve, les Etats-Unis, tout en tenant à leur projet de mise en place d'un commandement militaire dans la région du Sahel africain, continuent paradoxalement de remettre la question des droits de l'homme sur le terrain quand ils négocient avec l'Algérie. Frances Fargo Townsend, la conseillère du président américain George W.Bush, a remis, à l'occasion de sa visite dans notre pays, le dossier de détenus algériens à Guantanamo. Elle a, certes, reconnu l'expérience algérienne de lutte contre le terrorisme acquise dans la douleur et les larmes. Cependant, elle a réitéré l'intransigeance américaine concernant la libération des six détenus algériens. Interrogé par Al Jazeera sur la valse des experts et des responsables sécuritaires américains au Maghreb, le directeur du Centre de recherches stratégique dans le monde arabe a estimé que l'Algérie, au même titre que le Moyen-Orient et les pays du Sahel, offre un terrain propice à l'action terroriste. C'est, selon lui, la raison majeure qui pousse aujourd'hui les Américains à prendre les devants et à insister sur l'installation d'un QG avancé dans la région. Mais l'insistance américaine est devenue très embarrassante pour l'Algérie et même pour le Maroc, qui a récemment nié son intention d'offrir des bases aux Américains. La lutte contre la nébuleuse Al Qaîda demande d'autres moyens et approches, alors qu'à l'évidence, Washington cherche d'abord un point d'appui dans la région du Sahel, qui lui permet d'avoir une présence en continu de ses contingents militaires, comme c'est actuellement le cas pour la Corne de l'Afrique avec des marines américains stationnés à Djibouti. Pour l'Occident et particulièrement les USA, il est devenu, aujourd'hui, urgent de frapper le terrorisme là où les foyers potentiels de subversion se trouvent. Pour les «faucons» de Washington, c'est au Maghreb, au Sahel et au Moyen-Orient. Cette thèse que les Américains tentent de faire valoir en Europe, rencontre la résistance de nombreux pays dont l'Algérie. Ceux-ci ne veulent pas marchander leur souveraineté et refusent de «s'afficher» en public comme des soutiens incontestables et inconditionnels de la politique sécuritaire US, qui n'est, en réalité, qu'une couverture à l'hégémonisme qu'ils assurent sur le monde. Ils insistent pour eux de garder la liberté de leur mouvement, tout en contribuant à un contrôle plus efficace, outre de la lutte antiterroriste, des régions placées sous leur maillage militaire. Bien sûr, il serait naïf de croire que les discussions entre Mme Fargo Townsend et les responsables algériens seraient explicités. Et de toutes les manières, la conseillère de M.Bush est venue à un moment crucial pour la région du Maghreb. Le palais royal au Maroc est en ébullition, l'Algérie et la Tunisie accueillent le président Sarkozy dans la première visite du genre que le chef de l'Etat français accomplit en dehors de l'Europe. Il n'ira pas à Rabat. Mais «l'impasse» marocaine ne sera pas pour autant un non-événement. C'est peut-être le coeur de l'événement! Le président français réussira-t-il à atténuer ce recul qui fait de la France un pays en déclin face au forcing américain au Maghreb? Difficile de répondre à cette question à un euro ou à un dollar.