Le directeur du quotidien oranais a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse, qu'il est poursuivi pour “raisons politiques”. Au lendemain de sa mise en liberté et de son inculpation pour deux affaires de droit commun, complicité de faux et usage de faux, usurpation d'identité, atteinte au patrimoine de l'Etat…, le patron du quotidien Er-Raï a tenu une conférence de presse au siège de son journal pour donner sa version des faits. Alors que son quotidien est toujours suspendu, Benaoum ne voit dans ses ennuis politico-judiciaires qu'une affaire politique. “C'est le groupe de presse et sa ligne éditoriale qui sont visés”, dira-t-il. Et d'ajouter plus loin : “Après la première suspension d'Er-Raï au niveau d'Alger, le 7 juillet, j'ai reçu des menaces de proches du président Bouteflika qui me reprochaient d'avoir pris fait et cause pour le camp de Benflis alors que c'est faux. Nous avons soutenu le Chef de l'Etat mais, après 4 ans, nous avons changé.” L'intervenant reviendra sur ses 4 jours de garde à vue et d'expliquer : “On a engagé des enquêtes sur moi. La police a eu des instructions d'en haut pour engager des enquêtes sur moi et trouver quelques chose. Et ils ont trouvé…” Benaoum finira par dire que, sur une dizaine de dossiers, la justice en a retenu deux. Celles concernant la terre agricole et le local de la Sacop. Affaires pour lesquelles l'orateur donnera des versions des faits le disculpant de tous les chefs d'accusation. Tout le long de la conférence de presse, le patron d'Er-Raï s'efforcera de démontrer qu'il ne s'agit là que de prétextes et qu'il s'agit en fait de taire une ligne éditoriale qui dérangerait. Il a pour preuve les questions qui lui ont été posées sur ses relations et contacts politiques ou encore avec des ONG des droit de l'Homme. Quant aux nombreux dérapages commis, en tout état de cause, dans les colonnes de son journal, il les effacera avec une extrême légèreté en disant tout bonnement : “Parfois, nous avons été manipulés, je suis un ancien des services, je sais comment peut se passer la manipulation !” Revenant encore et toujours sur l'aspect politique, Benaoum juge la situation grave : “Nous assistons à une marocanisation du ministère de l'Intérieur et nous allons vers de très graves dérapages !” Remerciant la corporation pour sa solidarité, alors que des membres de son équipe ont estimé le contraire, l'intervenant dira que sa ligne éditoriale restera la même. Et d'ajouter : “Ce n'est pas parce que je parle de l'Islam que je soutiens le FIS !” Et de conclure que le journal Er-Raï reparaîtra quoi qu'il arrive. Rappelons que ses dettes auprès des imprimeries de l'Est et de l'Ouest s'élèvent à 13 milliards. F. B.