La maladie reste encore taboue en Algérie, où des efforts de sensibilisation et d'explication sont nécessaires “Des chiffres officiels annoncent une moyenne de 6 000 à 12 000 femmes vivant avec le VIH-Sida en Algérie”, a annoncé, hier matin dans le cadre d'une conférence de presse au forum d'El Moudjahid, le Dr Abdelkader Scander Soufi, président de l'association Aniss. Et d'ajouter : “Il faut que chaque femme enceinte fasse un dépistage car l'enfant peut être sauvé de la contamination.” à quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, Aniss (association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le sida et de promotion de la santé), a lancé une campagne nationale “Himeya” , de protection des femmes et des enfants du VIH-Sida, avec deux marraines : Zahia Ben Arous, sénatrice, et Amel Wahby, chanteuse. Cette campagne s'étalera tout au long de l'année 2011 à travers tout le territoire. Le point de départ sera donné à Ghardaïa mercredi prochain. “Ce choix n'est pas fortuit, c'est une région conservatrice”, a-t-il dit. Himeya vise les femmes car celles-ci donnent naissance et leurs enfants risquent d'être porteurs du virus. “La plupart des femmes atteintes sont contaminées par leurs époux”, a encore souligné le Dr Soufi. Selon des études, seulement 8% de ces femmes atteintes ont “accès aux services de prévention de transmission du VIH de la mère à l'enfant d'où le risque accru et le nombre croissant de nouveau-nés porteurs du virus”. D'ailleurs, Aniss s'appuie sur trois axes importants durant cette campagne, à savoir : “Renforcer les connaissances sur la prévention du VIH/Sida dans les milieux des femmes ; consolider les actions de plaidoyer envers différents acteurs impliqués dans la thématique ; contribuer à l'amélioration de la prise en charge des femmes et des enfants vivant avec le VIH en complément des services fournis par l'état”. Durant toute l'année, des gynécologues et des médecins seront formés pour la prise en charge des malades. Par ailleurs, l'intervenant a insisté sur le fait que les médias doivent contribuer à la sensibilisation de la population qui reste dans l'ignorance. “Le dépistage n'est pas obligatoire mais les tranches de la population les plus touchées sont celles des prostituées, des homosexuels et des drogués à l'injection”, a-t-il signalé. Même si l'Algérie reste un pays à faible prévalence avec le VIH inférieur à 1% de la population, une nette accélération est enregistrée. “Pas moins de 600 nouvelles contaminations ont été enregistrées durant les 9 premiers mois de 2010. Depuis l'apparition de l'épidémie dans le pays, il compte 4 745 séropositifs et 1 118 personnes en phase de Sida maladie.”