Pas moins de 600 nouvelles contaminations HIV/sida ont été recensées à travers le territoire national depuis le début de l'année 2010, a affirmé hier Dr Skander Abdelkader Soufi, président de l'association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et de promotion de la santé Anis. Ces nouveaux cas portent le nombre officiel cumulé depuis l'apparition de l'épidémie en Algérie, soit en 1985, à 4745 séropositifs et 1118 personnes en phase sida maladie. Invité au Forum d'El Moudjahid, le président de l'association a estimé que ce chiffre reste en deçà de la réalité, en raison du manque de campagne de dépistage rigoureuse et aussi, parce que le phénomène demeure un sujet tabou dans notre société. L'Algérie, selon lui, «continue, malgré quelques campagnes de sensibilisation organisées, à enregistrer une relative accélération des nouvelles contaminations». Selon les estimations de l'association, l'Algérie compte entre 21 000 et 30 000 sidéens. Cette hausse est imputée à plusieurs raisons, notamment l'afflux d'immigrés clandestins provenant des pays d'Afrique et qui font office de passerelle du VIH. Il rappellera dans ce sillage que la ville de Tamanrasset est la plus exposée au risque, puisqu'elle est considérée comme terre de transit ou d'asile des Africains. Les femmes sont, cependant, les plus exposées à ce phénomène. L'Algérie, selon Dr Soufi, déplore entre 6000 à 12 000 femmes vivant avec le VIH/sida. Cette réalité dramatique est imputée à plusieurs facteurs, notamment le fait que cette catégorie de la société n'est pas prise en considération dans l'engagement politique, en matière d'accès à l'information, aux services liés au VIH. Malheureusement, ajoute l'intervenant, 8% de «ces femmes contaminées ont accès aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, d'où le risque accru et le nombre croissant de nouveaux-nés porteurs du virus». En conséquence, «les femmes et les enfants se retrouvent aujourd'hui en première ligne de l'épidémie», contrairement aux croyances cataloguant l'infection au VIH à certains groupes marginalisés. Par ailleurs, l'invité du forum a reconnu que les actions de lutte contre le sida ont sensiblement freiné, particulièrement ces deux dernières années, en raison de la crise économique d'une part et d'autre part, à l'absence du Conseil national de lutte contre le sida, qui ne s'est pas réuni depuis cinq ans. Lancement de la campagne Himeya à partir de Ghardaïa Dr Soufi a, par ailleurs, annoncé le lancement, à partir de mercredi 1er décembre, date de la Journée internationale de lutte contre le sida, une campagne nationale de protection des femmes et des enfants du VIH. Baptisée Himeya, cette campagne qui débutera à partir de la ville de Ghardaïa est organisée en collaboration avec les différents acteurs nationaux de la lutte contre le sida ou de la défense des droits des femmes et des enfants. Interrogé sur le choix de la ville de Ghardaïa, M. Soufi affirme qu'elle a été choisie pour son profil de société réservée. La campagne entre dans le cadre des axes du plan stratégique national relatif à la prévention du VIH/sida auprès des femmes en Algérie d'une part et de l'autre, à la mise en place de services de transmission du VIH de la mère à l'enfant. En outre, l'Organisation des Nations unies pour le sida (Onusida) a relevé récemment que l'Algérie fait partie des pays à profil épidémiologique bas avec une séroprévalence de l'ordre de 0,1%. Dans son rapport 2010 relatif à l'évolution du VIH/Sida dans le monde, l'organisation onusienne a indiqué également que l'Algérie figure parmi les pays où les dons de sang sont totalement contrôlés (100%) et «avec une qualité assurée» par les centres de don de sang. Sur ce point, il est à rappeler que 61 centres de dépistage anonymes et gratuits ont été ouverts au niveau de l'ensemble des wilayas du pays, tandis que le dispositif institutionnel de prise en charge a été renforcé par la création de l'Agence nationale du sang, la création de 8 centres de référence de prise en charge de l'infection VIH/sida et la fourniture d'antirétroviraux à titre gracieux. Abordant les fonds mobilisés pour la prise en charge de cette maladie, l'Onusida a affirmé que la part des financements de l'Etat algérien engagés pour le traitement de cette maladie et les services annexes a largement augmenté, passant à 93,7% de la totalité des dépenses à la fin décembre 2009 contre 69,8% à fin 2008, le reste des financements (6,3%) provient notamment d'un cadre bilatéral ou onusien.