Alors que la tension caractérise toujours les relations coréo-coréennes, sur fond de menaces de part et d'autres, Séoul et Washington ont entamé des manœuvres militaires conjointes en mer Jaune, volontairement plus importantes que des précédentes éditions, avec pour objectif de faire peur à Pyongyang. Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont entamé hier une démonstration de force aéronavale au large de la péninsule coréenne sous tension, Pyongyang promettant de riposter “sans pitié” à toute intrusion dans ce qu'il considère son espace maritime souverain. Ces quatre jours de manœuvres militaires conjointes en mer Jaune, volontairement plus importantes que des précédentes éditions, ont débuté hier à 08h00 (23h00 GMT samedi), a indiqué l'état-major sud-coréen des armées. À cette occasion, l'US Navy a engagé l'un de ses porte-avions, Pyongyang mettant en garde sur les “conséquences imprévisibles” de ces exercices au large. Quelques heures après le lancement des opérations, des tirs apparents d'artillerie ont retenti près de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, bombardée cette semaine par Pyongyang. Ces événements interviennent cinq jours après les tirs d'obus qui ont visé Yeonpyeong, située tout près de la ligne de démarcation maritime contestée entre Séoul et Pyongyang. Washington a affirmé que les manoeuvres américano-sud-coréennes en mer Jaune visent à “renforcer la dissuasion contre la Corée du Nord”. Ces eaux sont considérées jalousement par Pékin, qui s'est dit “opposé à toute action militaire non autorisée à l'intérieur de la zone économique exclusive de la Chine”. Pour Pyongyang, les exercices conjoints sont une “provocation militaire intolérable”. Selon un porte-parole du Pentagone, ces opérations “de nature défensive” ne sont pas dirigées contre la Chine”. La pièce maîtresse du dispositif est le porte-avions nucléaire George Washington, qui peut transporter 75 avions dont des chasseurs-bombardiers, ravitaillés en vol, à grand rayon d'action. Il est accompagné des croiseurs lance-missiles USS Cowpens et USS Shiloh, ainsi que des destroyers lance-missiles USS Lassen, USS Stethem et USS Fitzgerald, selon le commandement des forces américaines en Corée du Sud. Les Etats-Unis disposent de 28 500 soldats dans ce pays. Washington a aussi fourni un E8 Joint-STARS, un avion de commandement et de surveillance des cibles terrestres, selon la presse sud-coréenne. “Cet avion va surveiller des cibles (potentielles) terrestres de l'armée nord-coréenne”, a expliqué un haut responsable gouvernemental sud-coréen cité par l'agence Yonhap. Séoul a engagé de son côté six bâtiments de guerre sud-coréens, dont un destroyer lance-missiles de 7 600 tonnes équipé du système Aegis, deux destroyers de 4 500 tonnes, des frégates et des moyens aériens de lutte contre les sous-marins, selon l'état-major général. Face aux menaces de déstabilisation de la région, les chefs des diplomaties russe et chinoise, Sergueï Lavrov et Yang Jiechi, se sont entretenus samedi au téléphone. Un haut responsable du gouvernement chinois, le conseiller d'Etat Dai Bingguo, s'est aussi rendu samedi à Séoul pour des entretiens avec le ministre sud-coréen des Affaires étrangères. Par ailleurs, la Chine a proposé hier d'accueillir des consultations d'urgence au début de décembre des pays engagés dans les négociations à Six sur le programme nucléaire nord-coréen, alors que la tension est aiguë dans la péninsule coréenne. Les deux Corées, les Etats-Unis, le Japon, la Russie et la Chine participent à ces négociations. La Chine, “après mûre réflexion, propose la tenue de consultations d'urgence parmi les chefs des délégations des négociations à Six, début décembre à Pékin, pour échanger les points de vue sur les sujets de forte préoccupation actuellement”, a déclaré Wu Dawei, chef de la délégation chinoise à ces pourparlers sur la fin du programme nucléaire nord-coréen. “La communauté internationale, en particulier les partenaires des négociations à Six, est profondément inquiète” des tensions dans la péninsule coréenne, a ajouté M. Wu devant la presse, cinq jours après le bombardement meurtrier par Pyongyang d'une île sud-coréenne qui a provoqué un tollé et une flambée de tensions.