Pourtant, le prix de la poudre à l'importation est soutenu par l'Etat. Une aide décidée dans le seul but d'en faire du lait en liquide et le revendre en sachet d'un litre, à raison de 25 DA. Mais, sur le marché, ce précieux liquide blanc, il se fait de plus en plus rare. Pour en consommer, il faut se rabattre sur le lait en poudre vendu en boutique. Seulement, comme il est très cher, il faut beaucoup d'argent… liquide, avant d'obtenir un paquet de poudre. Syrpalac, demi-écrémé. Incontestablement, le lait est le produit le plus indispensable pour notre alimentation, notamment pour les enfants. Le lait est par conséquent un produit de très large consommation. Et à ce titre, l'Etat, à travers le ministère de l'Agriculture, a mis en place un important dispositif de régulation, dénommé “Syrpalac”. Ce système de régulation des produits agricoles de large consommation, mais pas seulement le lait, a été renforcé par de multiples autres dispositifs pour améliorer durablement la production nationale et augmenter les volumes de récoltes pour les produits agricoles et de collecte pour le lait cru. Ainsi, pour la filière lait, il est attendu à l'horizon 2014, une réserve de vaches laitières estimée à 1,2 million de têtes, une production de lait cru de 3,2 milliards de litres et une collecte de lait cru de 1,3 milliard. Pour ce faire, trois ambitieux programmes sont mis en œuvre. La mise à niveau des élevages laitiers et un programme d'accroissement des effectifs laitiers et de collecte de lait cru, à travers des conventions, entre et autour, des différents acteurs, à savoir, l'Onil aux laiteries, les laiteries aux collecteurs et les laiteries aux éleveurs. Quant au troisième programme, il concernera l'accompagnement technique ainsi que l'encadrement financier de la filière lait. La partie technique de ces opérations est confiée à trois structures publiques. L'Itelv, le Cniad et l'ITGC. De plus, l'accompagnement financier est l'affaire de trois autres institutions sectorielles, à travers trois dispositifs : le crédit sans intérêt RFIG, le FNRPA, pour ce qui est du soutien à la production, à la collecte et à l'intégration du lait cru et enfin, le FNDIA, destiné au financement des investissements à la ferme (mise à niveau, fourrage, insémination, etc.). À chacun son métier… Cependant, on ne peut, en toute honnêteté, prétendre que l'Etat n'a rien fait ! Seulement, l'Etat, ce n'est pas un seul ministère. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, en l'occurrence, a en effet, mis en place un schéma d'activité, tous azimuts. Il a réussi à mettre sur le marché national tous les produits frais. Et en quantité et en qualité. Pour le lait, une politique nationale y a été pareillement élaborée, puis menée sur le terrain… à la limite de ses prérogatives. Au-delà, si un produit fait défaut sur le marché du détail, il faut voir ailleurs. À chacun son métier et les vaches seront bien gardées, dit un proverbe ! En fait, un système de régulation implique nécessairement plusieurs acteurs, plusieurs ministères. Quand le lait vient à manquer dans votre bol, c'est que le mécanisme de commercialisation a quelque part failli. C'est le fameux Syrpalac qui n'a sans doute pas assez poussé son imagination pour aller jusqu'à superviser les industriels du lait ? Savoir s'ils le transforment pour la vente en sachet ou pour en faire des yaourts ou autres produits dérivés ? Cela, le secteur de l'agriculture ne peut pas le réaliser. Cela ne relève pas de ses prérogatives, sinon il l'aurait fait. Et assurément, bien fait ! L'activité industrielle et commerciale est soumise à l'octroi d'un registre du commerce. Son contrôle est soumis à la seule compétence des services du commerce. C'est une mission qui intervient en aval des services agricoles. Là où il y a fort à faire, c'est au niveau de ces services qui, de tout temps, ont montré leurs limites. À titre d'exemple, le dernier en date, l'Aïd El-Kebir, avec l'envolée des prix des fruits et légumes. Le ministère du Commerce a été aussi déficient que d' habitude. C'est d'ailleurs une vieille tradition. Quoique, encore une fois, ses services aient vainement menacé les commerçants à rester ouverts pendant les jours de fêtes… La suite, on la connaît. Impuissance absolue devant l'informel qui prend des proportions toujours plus grandes. Incapacité à organiser nos marchés. Qu'ils soient de gros ou de détail, l'anarchie qui y règne est la même. Le mal doit être plus profond qu'on ne le soupçonne… Avant, c'était mieux ! Le lait, ce n'est qu'un élément parmi tant d'autres, mais il a la particularité de constituer l'aliment essentiel du maigre menu des ménages. Pour substituer le lait en sachet, par le paquet de lait en poudre, il faut multiplier le prix par 10, ce que le porte-monnaie des familles algériennes ne peut se permettre. C'est juste une question de pouvoir d'achat, calculé sur un niveau de vie en décalage d'un quart de siècle. Au prix d'il y a 25 ans, les Algériens pourraient acheter 1 000 grammes de poudre de lait. Mais, que de temps a passé depuis ! Le meilleur des systèmes de régulation serait celui dont la réflexion soit basée sur “la vraie vie''. Un système qui tienne compte de son époque, des tarifs réels, sans soutien aucun, mais, avec un pouvoir d'achat permettant à un salarié de subvenir aux besoins les plus élémentaires, des siens. Si l'Etat veut réellement corriger les inefficacités du marché, il se doit de prendre une décision, au plus haut niveau, juste et courageuse, aux antipodes des concepts populo-socialistes d'assistance. Ce n'est que de cette manière que le peuple ne serait plus l'otage d'opérateurs malintentionnés, déviant la poudre de lait de sa destination originelle. Ce n'est que de cette manière que le spectre des pénuries en tout genre ne refasse pas son apparition. Parce que, il faut bien l'admettre, ces jours-ci, un vent des années 70 a bien soufflé chez nous ! Et avec son seul lot de “choses pas bien''. Sinon… avant c'était mieux ! Dixit notre Slim national. R. L. [email protected]