Un climat de forte tension et de confusion règne en Côte d'Ivoire, qui a fermé ses frontières après l'annonce de la défaite électorale du président sortant L. Gbagbo. Ouattara a été donné gagnant par la commission électorale. Gbagbo s'est rebiffé : l'opposant ne le remplacera pas, quitte à remettre le pays à feu et à sang. La Côte d'Ivoire sur la poudrière. Le pays s'achemine tout droit vers la reprise de la guerre civile. Pourtant, la présidentielle devait constituer pour l'ex-Suisse de l'Afrique la voie de sortie de la crise qui l'affecte depuis les années 1990. Après le feuilleton des rebondissements, et alors que le président de la Commission électorale indépendante en Côte d'Ivoire avait fini par annoncer la victoire d'Alassane Ouattara, au second tour de la présidentielle, avec 54,1% des voix, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, Paul Yao N'Dré, a estimé, jeudi soir, que les résultats fournis par celle-ci n'étaient pas valides. Le magistrat, proche allié politique de Laurent Gbagbo, a souligné que le délai légal fixé à la commission électorale avait expiré mercredi à minuit. “Une fois ce délai expiré, la commission électorale n'est plus habilitée à annoncer les résultats”, s'est-il expliqué ! Le président sortant, L. Gbagbo, avait recueilli 45,9% des suffrages, selon la commission électorale. A. Ouattara a eu quand même le temps de “savourer” sa victoire en déclarant aussitôt après sa victoire électorale qu'il avait l'intention de former un gouvernement d'union nationale qui comprendrait des membres des différents mouvements politiques du pays et de la société civile. Le nouveau président élu n'a pas eu le temps de souffler que le directeur de campagne du président sortant avait déclaré nul et non avenu le verdict de la commission électorale. Et le couperet est tombé juste après : Gbagbo n'a pas l'intention de partir, il fait donner le Conseil constitutionnel dont tous les membres lui sont acquis. La cérémonie d'annonce des résultats par la commission électorale avait tourné à la farce lorsque des partisans de Gbagbo avaient déchiré la feuille des résultats alors qu'un porte-parole souhaitait les annoncer. Selon l'opposition, Laurent Gbagbo a bloqué l'annonce des résultats car il se savait battu par Ouattara. Il n'y aura pas d'alternance au pouvoir en Côte d'Ivoire. Repoussé depuis 2005, ce scrutin présidentiel devait permettre à la Côte d'Ivoire de tourner la page d'une décennie de troubles et de division due à une tentative de coup d'Etat contre Laurent Gbagbo en 2002. Mais le climat était tendu autour de l'annonce de ces résultats. Au moins huit partisans d'A. Ouattara ont été tués par balle dans la nuit de mercredi à jeudi à Abidjan et des douzaines auraient été blessés. L'armée a reconnu avoir tué quatre personnes en riposte à des tirs. Le siège du parti de L. Gbagbo, le Front populaire ivoirien, a été l'objet d'une attaque ayant fait deux blessés. L'armée ivoirienne, fidèle à Gbagbo, a annoncé que les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays étaient “fermées à toute circulation de personnes et de biens jusqu'à nouvel ordre”. De même, les chaînes d'information étrangères ont été suspendues et le couvre-feu maintenu. L'état de siège. La situation est préoccupante. Le Conseil de sécurité des Nations unies a prévenu les parties ivoiriennes qu'il était prêt à prendre des mesures appropriées contre quiconque ferait obstacle au processus électoral. L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU a déclaré, pour sa part, que Gbagbo porte la responsabilité première de la garantie d'un processus pacifique, lui demandant de faire preuve de retenue, de s'abstenir de toute ingérence dans le travail de la commission électorale indépendante et d'honorer ses engagements à respecter les résultats. Le président sortant se prévalait du soutien de Washington tout au long de son bras de fer avec la France.