C'est à l'initiative du ministère de la Culture qu'a été organisée cette soirée “Grand Ecran” où ont été projetés en avant-première cinq courts-métrages, notamment Dihia, d'Omar Belkacemi, la Cité des vieux, de Yahia Mouzahem, Ahmed, de Mourad Zidi, Djinn, de Yasmine Chouikh et le Dernier passager, de Mounès Khammar. Ce qu'on remarque en premier lors de cette soirée, c'est que le public est venu nombreux applaudir ces jeunes réalisateurs et leur travail. Jeunes car ils sont pour la plupart trentenaires. La soirée commence en douceur avec la projection de Dihia, un tendre réquisitoire sur le quotidien difficile des villages reculés de Haute-Kabylie et qui s'intéresse également à la condition féminine. Il raconte l'histoire de Dihia, une jeune femme vivant seule avec son enfant. Le quotidien des personnages est perçu et vécu comme une fatalité. Fatalité imagée par un orage qui semble ne jamais s'arrêter. Pourtant, la jeune mère garde un espoir, se répétant sans cesse : “Jusqu'à quand”, tel un souhait qu'elle veut voir se réaliser. Place ensuite à l'humour avec la Cité des vieux, de Yahia Mouzahem. Cette comédie burlesque présente Alger comme une gigantesque “maison de retraite” où tous les jeunes seraient partis. Tous ? Non, car un dernier, Wahid, continue d'errer dans les rues vides de la capitale. Les personnes âgées déploient donc tout un dispositif pour le garder près d'eux. Leur salut se trouvera auprès d'une jeune fille amoureuse de Wahid. La promesse d'une adaptation en long-métrage est très attendue. Retour au tragique avec Ahmed, de Mourad Zidi. Ahmed est un jeune orphelin vivant seul avec son grand-père dans un village de Kabylie. La vie déjà dramatique du jeune garçon empirera le jour où il apprendra que son grand-père doit absolument se faire opérer, son état de santé étant très alarmant. Ahmed ne pouvant réunir les fonds nécessaires à temps, son grand-père ne pourra se battre contre la maladie suffisamment longtemps. Avec Djinn, de Yasmine Chouikh, la jeune génération prouve qu'elle peut aussi manipuler l'art de la métaphore. Ce court étant un conte parabolique sur l'entrée d'une jeune fille dans l'âge de la puberté. La soirée se conclut avec la projection du Dernier passager, de Mounès Khammar. Court-métrage à l'esthétique époustouflante, narrant l'histoire d'un jeune artiste qui se suicide et qui revient sur les étapes importantes de sa vie. De nombreux points restent, cependant, à améliorer. Dans Dihia et Ahmed, l'aspect technique fait singulièrement défaut. Reproche qu'on pourrait aisément imputer au manque de moyens, mais on constate de nombreux financements inscrits au générique. Une cassure de rythme regrettable au milieu de la Cité des vieux, mais on salue avec plaisir le talent de Mohamed Bouchaïeb qui, en plus de tenir le rôle principal dans cette comédie, montre qu'il maîtrise le drame avec son rôle dans le Dernier Passager. On salue également la beauté des images offertes par Yasmine Chouikh et Mounès Khammar. Pas de récompense, ni de remise de prix car c'est bien l'avenir prometteur du cinéma algérien qui s'incarnait ce soir-là avec le court- métrage que le public a applaudi sincèrement en cette soirée “Grand Ecran”.