L'enquête de cette semaine du supplément sport de Liberté tente de percer les arcanes d'un sujet tabou en Algérie, de surcroît dans le monde du football, à savoir la rémunération des joueurs et des entraîneurs des équipes de l'élite nationale. Un volet frappé du sceau de confidentialité, non pas au nom d'un quelconque respect de la liberté individuelle et de la préservation de la vie privée des personnes mais en raison, surtout, d'innombrables irrégularités, pour ne pas dire dérives qui le caractérise. Des chiffres effarants, publiés par la presse, concernant la rétribution de telle ou telle star sans que l'administration de tel ou tel club ne fournisse une fiche de paie claire et nette. Pendant longtemps donc, au temps fort de l'amateurisme, des cachets mirobolants sont distribués par la magie d'une certaine trouvaille, la “ch'kara”, au mépris même du niveau de vie en Algérie, sans que cela émeuve personne. Pour s'attaquer à un tel fléau et régulariser une situation, devenue sans doute gênante, les pouvoirs publics ont décidé d'instaurer le professionnalisme dans le monde du football. Il s'agit de doter le milieu, jusque- là allergique à toute forme de codification, d'un mode de rémunération transparent. Ainsi, dans le registre “nouveautés”, les clubs sont dorénavant obligés de déclarer les personnes chargées de l'encadrement technique et médical auprès de l'administration fiscale et des organismes d'assurances sociales et de retraite, de disposer d'un directeur technique justifiant des qualifications requises, de souscrire des assurances pour l'encadrement sportif technique et médical mais, également, grande innovation, de disposer de psychologues. Libres par le passé de dicter à leurs futurs clubs employeurs des clauses qui leur semblaient adéquates et avantageuses dans leurs contrats, les joueurs seront, désormais, pour leur part, tenus de s'engager selon le nouveau statut du joueur fixé par la FAF. En contrepartie, le club se doit de déclarer ses joueurs auprès de l'administration fiscale et des organismes d'assurances sociales et de retraite, et de leur transmettre, conformément aux procédures et dispositions législatives et réglementaires en vigueur, les déclarations de salaires, ainsi qu'à la FAF et à la LFP. Toujours en matière de nouveautés, les clubs seront tenus, à l'orée de la saison, de transmettre à leur tutelle la liste nominative de leur équipe dirigeante composée d'un président directeur général, d'un président du conseil d'administration, d'un directeur général ou manager, d'un président du directoire, d'un président du conseil de surveillance, de membres du directoire ou du conseil de surveillance, des administrateurs désignés et d'un gérant de société. Mais la grande innovation intervient surtout dans le mode de payement et de rémunération. Habitués à percevoir leur argent cash dans un sachet et en tranches, les joueurs, désormais professionnels, doivent apprendre à connaître les particularités des services bancaires. Comme le stipule clairement le cahier des charges, les clubs sont obligés de régler toute opération financière par chèque ou virement, et il leur est interdit toute manipulation d'espèces sauf pour les régies nécessaires aux menues dépenses conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur prévues en la matière. En des termes plus claires, la ch'kara sera bannie pour laisser place aux virements de salaire mensuel ! Mais qu'en est-il sur le terrain trois mois après le lancement du professionnalisme en Algérie ? Les habitudes ont-elles pour autant changer ? Enquête sur fond de révélations croustillantes !