Les clubs de l'élite, qui crient au manque de ressources financières tout au long de la saison, se permettent chaque été des opérations de recrutement qui défient tout entendement. Des sommes faramineuses sont déboursées pour recruter des joueurs qui n'ont même pas de place en équipe nationale, composée, comme tout le monde le sait, de joueurs émigrés, la plupart formés en France. Selon des sources concordantes, pas moins de 130 milliards de centimes ont été déboursés par les pensionnaires de la DI dans les transferts lors de la saison 2008-2009. La palme revient bien évidemment au champion d'Algérie, l'ES Sétif, qui a établi l'été passé des records en la matière. Le boss sétifien, Abdelhakim Serar, avait accordé des primes de signature de 1,6 milliard de centimes et de 1,5 milliard de centimes aux deux attaquants Mohamed Seguer et Nabil Hemani, qui ont étrangement disparu de l'effectif de l'EN juste après leur arrivée à Sétif. Le pactole touché des mains de Serrar a malheureusement donné l'effet inverse, au grand dam du sélectionneur national Rabah Saâdane qui ne cesse de sensibiliser et d'exhorter les joueurs du cru à privilégier la stabilité et l'aspect sportif dans leur carrière pour pouvoir aller de l'avant et aspirer à des contrats professionnels plus intéressants outre-mer. «L'envahissement du football par l'argent et l'amplification de l'inflation dans le marché des transferts sont parmi les points négatifs que j'ai notés durant mon mandat à la tête de la FAF», avait avoué le président sortant de la FAF, Hamid Haddadj, qui a tenu, avant de quitter l'auguste maison de Dély Ibrahim, à tirer la sonnette d'alarme, d'autant plus que cet argent qui coule à flot dans certains clubs de l'élite n'est pas destiné au développement de la discipline, mais au recrutement de joueurs qui n'assurent même pas le spectacle, le niveau du championnat et du football national en général étant en constante régression. C'est bizarrement au moment où l'argent coule à flot que le football national continue sa descente aux enfers. Notre football ne produit plus de talents comme par le passé. L'argent provenant généralement de sociétés et fonds publics est consommé dans le recrutement et le fonctionnement au lieu de la formation et du développement du sport roi, sans que les pouvoirs publics, le fisc, la justice ne s'en offusquent. Pendant que les joueurs et les entraîneurs des équipes seniors se remplissent les poches sans que le niveau n'évolue d'un iota, les jeunes et leurs encadreurs sont complètement abandonnés. L'argent a profité aux acteurs du football au niveau de l'élite et non pas à la discipline qui n'arrive plus à retrouver son lustre d'antan. Les petites catégories souffrent le martyre dans tous les clubs où les dirigeants n'ont d'yeux que pour l'équipe fanion et qui courent, sous la pression de la rue, derrière les résultats immédiats. Les pouvoirs publics et la FAF passifs Livrés à eux-mêmes, les jeunes n'arrivent plus à percer, à progresser, ce qui explique la pénurie de talents dans notre football. Les présidents de club se disputent chaque été et chaque hiver quelques «stars» et versent dans la surenchère, ce qui justifie l'inflation et la hausse des primes de signature, source pourtant de tensions entre les présidents de club et les joueurs. Même ces présidents de club et leurs assistants sont vraisemblablement gagnants dans l'affaire, ce qui explique peut-être leur obstination à rester toujours en place. Cet été, certains joueurs ont fait de graves révélations sur des dirigeants qui touchent leur quote-part dans ces transferts, sans que la FAF et les pouvoirs, via la justice, ne bougent le petit doigt. Même le fisc et la sécurité sociale sont, de leur côté, passifs. Les joueurs et les entraîneurs signent des contrats de travail faramineux sans être déclarés aux impôts. La gestion de l'argent du football échappe complètement au contrôle des services devant accomplir cette mission. Ni le ministère de la Jeunesse et des Sports ni la FAF n'ont un droit de regard sur les finances des clubs en l'absence d'une DNCG (direction de contrôle de la gestion des clubs). Ailleurs, et notamment chez nos voisins tunisiens, tout est réglementé et parfaitement contrôlé. En Tunisie, les primes de signature n'existent même pas. Les footballeurs tunisiens ont des salaires et des primes de rendement. Sans plus. Le nouveau président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mecherara, a parlé lors de la rencontre tenue avec les présidents de club de la suppression des primes de signature pour les joueurs et les entraîneurs, mais sans passer rapidement à l'acte. Ce sera éventuellement pour la saison prochaine où la FAF compte lancer le premier véritable championnat professionnel dans l'histoire de la balle ronde nationale. Tout le monde a profité, cet été encore, de ce marché des transferts, qui a été, une nouvelle fois, très animé. Les effectifs de la plupart des clubs de l'élite ont connu de grands chamboulements. La barre des 130 milliards atteinte lors de la saison passée sera certainement dépassée lorsque l'on sait que la période des signatures s'étalera jusqu'au 15 juillet et que certaines vedettes sont toujours sur le marché et elles n'ont pas encore choisi leur destination, à l'image de Hadj Aïssa, Achiou, Lemouchia et autres Cheklam.