“Aujourd'hui, l'APW a acquis la conviction que les promotions illégales, les concentrations de pouvoir, les blocages des investissements, les détournements impunis ne sont ni le fait du hasard ni celui d'un oubli ou d'un manque de moyens”. L'affirmation est du président de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou. S'exprimant au cours d'une conférence de presse, hier, au siège de l'institution, M. Mahfoud Belabbas s'est dit très préoccupé par la récurrence des kidnappings qui ciblent curieusement la seule wilaya de Tizi Ouzou. “L'insécurité grandissante et es enlèvements d'opérateurs économiques endeuillent des familles entières et découragent l'investissement”, estime le conférencier, qui rappelle que son institution a déjà organisé un débat général sur l'insécurité en Kabylie, une région pourtant “traditionnellement réfractaire aux idées extrémistes”. Le P/APW regrette, en revanche, que les recommandations issues de ce débat n'aient rencontré aucun écho auprès des autorités concernées. “Pire, ces agressions où convergent le banditisme et le terrorisme se multiplient sans que l'Etat ne prenne les initiatives adaptées contre une stratégie de terreur et de régression économique et sociale”, fera observer l'orateur. “Les manquements, les complaisances, voire les complicités, de pans entiers de l'administration dans ce pourrissement questionnent sur les intentions de ceux qui encouragent et sponsorisent cette dérive de plus en plus massive et durable”, estime-t-il. En outre, la délinquance urbaine et la gestion du secteur de la culture interpellent les élus de la région. “Les budgets du secteur de la culture sont gérés par des agents sans qualification, cumulant en toute illégalité les fonctions d'ordonnateurs et de gestionnaires et disposant des finances publiques dans une opacité qui pose un problème juridique, politique et moral”, dénonce l'intervenant, qui citera deux exemples pour étayer son propos. Un chanteur, “réputé proche du pouvoir”, s'est vu attribuer un cachet de trois milliards pour un seul et unique gala. Second exemple : le théâtre régional Kateb-Yacine, dont la rénovation, “effectuée dans des conditions plus que douteuses, a coûté des sommes qui ont dépassé de beaucoup le coût de sa réalisation”. “Notre Assemblée exigera de l'administration d'œuvrer dans le cadre de la réglementation et des lois en vigueur et de traiter en toute transparence les affectations de ses cadres, le contrôle de leur mission et l'évaluation de l'utilisation des finances publiques dont ils ont la responsabilité”, promet M. Belabbas. Ce dernier ne manquera pas de hausser le ton devant cette situation des plus délétères. “Face à cette déliquescence qui ensanglante notre région, sanctionne son potentiel économique, déstabilise ses repères et hypothèque son développement, l'APW de Tizi Ouzou prendra ses responsabilités en informant les citoyens sur les démissions, les complicités et autres malversations qui déstructurent notre wilaya”, martèlera-t-il. Entre autres démarches, l'institution de commissions d'enquête est envisagée. “Nous n'accusons personne, mais nous voulons enquêter. Nous allons initier des commissions d'enquête pour passer à la loupe nombre de secteurs d'activité”, tranche l'élu du RCD. Le P/APW s'appuie sur l'article 57 du code de wilaya qui prévoit la constitution de commissions d'enquête ainsi que les articles 24 et 25 du règlement intérieur de l'APW.