Le ministère public avait requis la réclusion à perpétuité à l'encontre de quatre membres (dont trois émigrés) du réseau international dont deux sont toujours en fuite. La peine prononcée par le tribunal criminel d'Alger dans l'affaire de tentative d'exportation illégale de 104 kg de cannabis du port d'Alger vers Marseille en provenance du Maroc a été aussi lourde que la quantité de stupéfiants saisie. En effet, 20 ans de prison ferme est la sentence prononcée à l'issue de ce procès. Le ministère public a requis, de son côté, la réclusion à perpétuité à l'encontre de quatre membres du réseau international dont deux sont toujours en fuite. Il faut savoir que trois des quatre dealers résident en France et ont commencé, depuis 2007, à établir des contacts avec un Algérien, connu pour ses activités dans le milieu de la drogue dans la wilaya de Maghnia, et deux autres dealers marocains. Si ce n'était la vigilance des agents douaniers au port d'Alger qui ont pu mettre fin au plan machiavélique de ce réseau, d'importantes quantités de drogue auraient pu être acheminées illégalement vers Marseille. Au début de l'affaire, les inculpés étaient poursuivis pour “exportation illégale de la drogue” mais quelques mois après, les autorités judiciaires, s'appuyant sur l'article 30 du code pénal stipulant : “Est considéré crime même toute tentative criminelle qui aura été manifestée par un commencement d'exécution ou par des actes non équivoques tendant directement à le commettre…”, ont requalifié les faits en “tentative d'exportation illégale de la drogue”. Les dessous et les ramifications marocaines de l'affaire L'affaire remonte au 28 janvier 2010 quand l'émigré A. H., au volant de son véhicule 406, s'apprêtait à embarquer dans le car-ferry “Tarek-Ibn-Ziyad” en direction de Marseille. Le début des procédures douanières a eu lieu dans de bonnes conditions et rien de visible n'avait attiré l'attention des douaniers qui avaient procédé à la fouille du véhicule. Cependant, raconte l'un des agents dans son rapport, l'attitude du dealer et sa réaction quand les agents ont décidé de faire passer la voiture au scanner leur a mis la puce à l'oreille. Et c'est là que le pot aux roses sera découvert ! Pas moins de 104 kg de cannabis dissimulés sous les sièges, le pare-chocs arrière… de la 406. Interrogé par les douaniers, l'émigré dira : “Je suis émigré et j'ai débarqué au port d'Oran le 27 novembre 2007. J'ai passé une semaine à Mecheria où j ai rencontré un autre émigré M. à qui j'ai laissé le véhicule pour quelques jours. Il m'a d'ailleurs demandé de le lui vendre une fois rentré à Orléans.” Un scénario monté de toutes pièces qui ne lui permettra point de tirer son épingle du jeu. Il ne tardera pas d'ailleurs à tout avouer à la brigade de lutte contre le trafic de drogue. Reconnaissant formellement les faits qui lui ont été reprochés, il fera tomber ses trois autres acolytes. Il s'avérera, selon ses aveux, que la voiture lui a été offerte par son acolyte, l'émigré O. D., avec en sus une somme de 10 000 euros pour service rendu. C'est-à-dire l'acheminement des 104 kg de drogue vers Marseille. Une mission qui a échoué mais qui a permis de lever le voile sur les dessous du trafic international de la drogue. En fait, selon les aveux du “voyageur” pris la main dans le sac, tout a été planifié au mois de septembre 2007, dans un café à Orléans et la bande des trois émigrés qui ne pensait nullement qu'elle allait être démasquée dès sa première opération, comptait multiplier “l'exportation” grâce aux ramifications du réseau (Maroc-Alger-Marseille). Les rôles étaient bien définis pour chacun. Et les contacts se faisaient par téléphone portable dont celui du Marocain. A. H. était chargé de faire parvenir le véhicule au marché de poisson de Maghnia et le confier à une autre personne, O. M. en l'occurrence. Le quatrième dealer avait pour mission de se déplacer à bord du même véhicule au Maroc pour le charger des 104 kg de cannabis. Les deux émigrés, les têtes pensantes du réseau, établissaient le contact avec les deux complices marocains. Ils ont fait le déplacement à Maghnia et ont quitté l'Algérie le 16 décembre 2007. Des mandats d'amener internationaux ont été lancés contre les deux Orléanais. Ce qui fait que seulement deux membres sur les quatre ont été arrêtés. Voulant alléger un tant soit peu son acte, voire ses conséquences, O. M., le maillon algérien de la chaîne, a nié son implication dans la tentative d'exportation illégale de la drogue et avouera être “spécialisé uniquement dans la contrebande de chocolat et le poisson en conserve aux frontières algéro-marocaines. C'est mon complice d'Oujda qui m'a demandé de lui récupérer une 406 à Maghnia. Je n'étais pas informé”. Mais cette dérobade ne le sauvera pas et lui vaudra, ainsi qu'à l'émigré… 20 ans de prison ferme.