Présent au Forum sur le diabète de Dubaï, le professeur Rachid Malek, chef de service de médecine interne au CHU de Sétif et néanmoins membre du Comité national du diabète, considère que la convergence des politiques locales et régionales pourrait apporter une différence. Citant l'exemple algérien, avec ses qualités et ses défauts, mais surtout pour ses qualités, notre interlocuteur estime que les spécialistes, dont les laboratoires pharmaceutiques comme Novo Nordisk, et les patients, comme d'ailleurs la société civile, ont joué un rôle majeur pour réduire le taux de dépistage du diabète à moins de 50%. Liberté : L'Algérie participe au Forum de Dubaï aux côtés de 22 nations. Pensez-vous que l'approche de notre pays pourrait peser et apporter des réponses aux attentes des participants ? Rachid Malek : Je pense que les politiques des pays participants vont converger sur des données aujourd'hui évidentes. Mais là n'est pas la question. Le diabète tend vers une pandémie dangereuse qui touche tout le monde. D'abord pour des raisons environnementales comme le flux de voitures que nous vivons en Algérie, le stress quotidien, l'absence d'activités sportives dans les cités, l'obésité et bien d'autres facteurs qui causent le diabète. Le Forum de Dubaï va vers une seule problématique : comment prévenir le diabète de type 2. Et c'est là que les politiques gouvernementales doivent intervenir. Dès l'enfance, en passant par les différents âges susceptibles d'être exposés à cette pathologie, nous devons sensibiliser les gens sur la “Macdonolisation et la Mac-cocanolisation”, mais aussi les jeux et l'excès de s'exposer à la télévision qui explique souvent la sédentarisation des patients que nous traitons. Il y a également l'hygiène de vie ! C'est-à-dire la pratique du sport et une alimentation saine et équilibrée. Mais, si on continue à ce rythme, on ira vers un diabète de type 2 qui, au lieu de toucher les personnes âgée de 45 ans et plus, ciblera des sujets de 35 ans et moins ! D'où la nécessité de mettre un programme national à même de prévenir cette pandémie qui menace des masses. Mais le diabète n'est pas une maladie comme les autres… Justement, le diabète est une maladie silencieuse, mais dangereuse aussi. Car elle a son évolution et ses complications dès que le patient dépasse les 1,26 grammes. Cela pourrait toucher les yeux et les reins. Le pied également puisque, au stade ultime, le patient se fait amputer une partie de sa jambe ou plus. Il est vrai que l'espérance de vie pour les femmes est passée à 76 ans et à 74 ans pour les hommes, mais faut-il que le diagnostic se fasse en temps réel, mettre les moyens pour canaliser l'information médicale des sujets, en plus des patients doivent apprendre à prendre régulièrement leur glycémie. Il est vrai également que 50% des personnes atteintes du diabète sont ignorées. Je dois vous préciser, cependant, que notre expérience a prévalu. En 2006, pas moins de 400 000 personnes ont répondu au programme national de dépistage, en plus des dépistages quotidiens. Le rôle du médecin est là, mais d'autres facteurs sont aussi là pour fausser certains diagnostics comme les mariages consanguins ou encore les antécédents familiaux, le mois de carême, les hypertendus, les femmes enceintes et les nouveau-nés dépassant les 4 kilos. Les facteurs à risques sont multiples et le diabète progresse vite ! Sur ce plan, on doit savoir que le dépistage ou le diagnostic est gratuit et que les personnes potentiellement exposées à cette pandémie doivent aller vers les centres de soins pour subir une action sanitaire garantie et continue. Les enjeux du Forum de Dubaï sont aussi là pour signifier au monde que des millions de personnes sont exposées à cette pandémie. Les décideurs ciblent bien des solutions appropriées ! Il est temps que les dépistages de masse se fassent spontanément en impliquant tout le monde. L'objectif est d'arriver à faire comprendre que les populations touchées et celles exposées à la pandémie du diabète doivent faire objet d'un intérêt particulier. Le problème est dans la prise en charge structurée, à commencer par la formation continue des médecins et leur mise à la page. Il est impératif de revoir le module qu'occupe le module d'endocrinologie dans la médecine et qui se fait en trois semaines seulement et en quelques heures. La formation aux maladies chroniques doit être revue de fond en comble, tout en considérant le rôle du médecin généraliste, comme premier contact du patient et de son suivi à la base. À partir de là, les choses pourront changer. Reste l'éducation thérapeutique et l'autonomie du malade, les organes de soins, les solutions doivent émaner des pouvoirs publics et des acteurs qui s'impliquent sur le terrain, comme les associations et les laboratoires pharmaceutiques, comme Novo Nordisk. L'expérience algérienne sera à l'honneur au Forum de Dubaï surtout qu'il s'agit d'enrichir le débat et échanger les expériences. Et sur ce plan, les diabétiques algériens ont la chance d'avoir un système d'assurances sociales des plus appropriés par rapport à d'autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Aussi, le rôle des partenaires en charge de la question du diabète, comme la société civile et Novo Nordisk et d'autres autorités sanitaires, doivent être mis en exergue au vu de leur apport dans la lutte contre cette pandémie.