Expert en diabète, le professeur Malek dirige depuis 1996 le service de médecine interne du CHU de Sétif. Il parlera, en exclusivité à El Watan, de la formation de médecins généralistes. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à initier ce cycle de cours sur le diabète et les maladies métaboliques ? L'histoire a commencé en 1998 lorsqu'on a établi que la fréquence du diabète était importante. On a aussi découvert que 50% des diabétiques s'ignoraient. Ces deux points nous ont poussé non seulement à réfléchir mais à trouver des solutions pour faire face à cette maladie. La réduction du nombre de diabétiques par le biais d'un dépistage régulier, lancé en 2000, et l'amélioration et l'actualisation des connaissances, notamment dans le domaine thérapeutique, du médecin généraliste (le premier maillon de la prise en charge), à travers la formation médicale continue (FMC) sont à l'origine de ces cours lancés en 2004, d'autant plus que le diabète est considéré comme l'épidémie du 21e siècle. Le 6e cours prend une dimension nationale, pour quelles raisons voulez-vous franchir un autre palier ? La forte demande de nos amis généralistes, qui ne cesse d'augmenter d'année en année, nous oblige désormais à donner à ce cours une dimension nationale. La FMC qui est désormais ouverte aux praticiens des deux secteurs (privé et public) regroupera cette année 74 médecins de 23 wilayas du pays. Afin d'illustrer la réussite de l'opération, sur 1 070 postulants, 358 médecins ont été formés depuis 2004. Avec un tel chiffre, nous constatons aisément que les besoins en formation sont énormes. Les incidences du cours sur le savoir-faire des médecins généralistes formés sont palpables. L'amélioration des connaissances est évaluée par des pré- et post-tests. Un suivi sur le terrain a permis de noter une nette évolution de la prise en charge par le médecin généraliste, efficace désormais en matière de diagnostic précoce du diabète et du dépistage ; une pratique courante chez le généraliste à l'origine de la réduction des hospitalisations pour des complications aiguës et de bon nombre d'amputations chez les diabétiques ayant subi une éducation. Beaucoup de praticiens estiment que le diabète est devenu un véritable problème de santé publique, que pouvez-vous dire à ce propos ? Vous avez tout à fait raison d'insister sur ce point. Le diabète est un fléau qui n'épargne personne. Selon les projections de la fédération internationale du diabète parues dans la 3ème édition de 2006 de l'atlas du diabète, l'Algérie a une prévalence du diabète de 7,3 %, soit 1,2 millions de diabétiques parmi les personnes âgées entre 20 et 79 ans. Ce chiffre passera à 8,9%, soit 1,9 millions de diabétiques en 2025. Il y a au moins 3 raisons à cette recrudescence du diabète inscrite dans le cadre d'une transition épidémiologique. La première ce sont les régimes alimentaires malsains qualifiés sous les termes de mac-donalisation et coca-colonisation ; ces derniers sont à l'origine d'une prise de poids généré par des aliments riches en calories et très abordables financièrement. Nous devons aussi savoir que le diabète touche les pauvres des pays riches et les riches des pays pauvres. La sédentarité, liée à un manque d'activité physique, en gros rattachée à l'amélioration du mode de vie et moyens motorisés, est la deuxième cause du diabète. Le vieillissement de la population est l'autre source de l'augmentation des cas de diabète. La forte demande des médecins généralistes ne vous incite-t-elle pas à prévoir deux sessions de formation ? Il est vrai que pour une aussi forte demande, un seul cours demeure à cet effet insuffisant. Il faudrait plus de moyens pour organiser plus d'une session. Un bon cours, encadré par d'éminents professeurs et spécialistes des centres hospitaliers de l'est du pays, d'Alger et de France, rehausse le niveau d'une telle formation qui s'inscrit désormais comme une culture devant permettre aux médecins d'uniformiser, améliorer la prise en charge des diabétiques et mettre à jour des connaissances sur le diabète et les facteurs de risques associés (l'hypertension artérielle, les dyslipidémies, etc.) Nous devons par ailleurs savoir que le ministère de la Santé organise à travers beaucoup de wilayas des cours de FMC de 3 jours. Il y a également des cours intensifs sur le diabète programmés dans l'Est et le Sud depuis déjà une année avec succès. Grâce au concours de la société algérienne de diabétologie (SADIAB), un grand nombre de médecins généralistes en bénéficient. Pouvez-vous nous éclairer sur le concept « changing diabets » ? Nous devons savoir que toutes les 10 secondes une personne décède du diabète de type 1. A la même période, deux autres personnes développent la pandémie en question. « Changing diabets » est un engagement de Novo nordisk, leader mondial dans le traitement du diabète, qui propose ainsi un nouveau mode de gouvernance de cette maladie chronique. L'opération en question, qui touche les quatre coins de la planète, est spécifique à chaque pays. Une grande sensibilisation de la population et une aide à l'auto-prise en charge sont des exemples parmi tant d'autres du grand chantier lancé par Novo nordisk. Une action sera, à cet effet, menée durant toute la semaine du 6e cours. Beaucoup admettent que le diabète est une pathologie pluridisciplinaire. Ne serait-il pas judicieux de créer un réseau national où les différents intervenants pourraient exercer en équipe ? La prise en charge du diabète relève indiscutablement d'un travail d'équipe multidisciplinaire. L'activité sera, à moyen terme, renforcée par une autre organisation devant fonctionner sous l'égide d'un réseau. Ce mode de fonctionnement permet la hiérarchisation des soins. Comment un diabétique doit-il être pris en charge par un médecin généraliste ? Quand doit-il consulter un spécialiste ? A quel moment faut-il l'hospitaliser ? Etant un axe prioritaire de la tutelle, la question a été largement débattue au cours des 3 consensus régionaux organisés par le comité national du diabète. Elle doit en principe figurer en bonne place dans le nouveau guide du diabète.