Du maçon, au médecin, en passant par le plombier ou l'architecte, ils sont égaux devant l'humiliation, du moins en apparence, de quémander pendant des heures un poste de travail pour lequel concourent des dizaines de postulants. La longue chaîne humaine qui s'étire sur plusieurs dizaines de mètres ne laisse planer aucun doute. Les bureaux de l'Anem, qu'ils soient à la direction générale ou à l'agence Daksi, sont quotidiennement assaillis par des centaines de demandeurs d'emplois d'origines diverses. Du maçon au médecin, en passant par le plombier ou l'architecte, ils sont égaux devant l'humiliation, du moins en apparence, de quémander pendant des heures un poste de travail pour lequel concourent des dizaines de postulants. “Je suis là depuis 6h du matin, nous dira un jeune diplômé en économie. Il est bientôt 11h et je n'ai pas pu encore accéder au bureau pour m'inscrire sur les registres de l'Anem.” C'est vrai qu'il y a foule à toute heure de la journée aux environs immédiats des agences de l'Anem, et celle de Daksi ne déroge pas à la règle. Cette dernière a ouvert ses portes il y a seulement quelques mois, étouffe déjà face à “la carte” qui lui a été affectée, à savoir recevoir les demandeurs d'emploi de Zouaghi, Sidi- Mabrouk, Emir Abdelkader… Bref, tout le côté nord de la ville. Le pic a été atteint lors de l'opération de recrutement d'agents pour l'entreprise brésilienne chargée de la réalisation du grand pont. Les mêmes scènes de “manifestation” ont été observées aussi quand il a fallu recruter pour Pizzaroti, la société en charge du tramway de la ville du Rocher. Des demandeurs d'emploi ont même affirmé que les agents de l'agence de l'Anem de Daksi fermaient hermétiquement les portes dès l'accès d'une vingtaine de personnes à l'intérieur des locaux. Sur place, il nous a fallu jouer des coudes pour rentrer à l'intérieur de ce qu'on appelle pompeusement agence. Tout juste trois minuscules bureaux, pour 7 administratifs qui sont censés canaliser le nombre de prétendants et leurs humeurs chaque jour. La directrice de l'agence risque de jeter l'éponge si rien n'est fait pour améliorer les conditions de travail et de réception de la foule. À la direction de l'Anem, on reconnaît qu'il y a des failles dans le système, tout en réfutant le fait que les portes de l'agence soient fermées au public. “Des fois, et face au nombre considérable de personnes à l'intérieur des locaux, on ferme pour quelques minutes les portes, qui sont rouvertes dès que la pression se relâche à l'intérieur. Il nous a fallu à plusieurs reprises l'aide de la police pour maîtriser la situation qui nous échappe parfois, car très souvent nos agents sont agressés. Mais en aucun cas, il ne nous est arrivé de fermer nos portes devant les demandeurs d'emploi;” Quoiqu'il en soit, la solution est peut-être à chercher devant une reconsidération de la formule d'inscription à l'Anem, car même en multipliant les agences, le problème se posera toujours avec autant d'acuité.