Le gouvernement a été malmené, une fois n'est pas coutume, par les sénateurs, à l'occasion des débats autour de la déclaration de politique générale présentée, dimanche dernier, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Et ce ne sont pas les sénateurs de l'opposition qui ont fait l'évènement. Ce sont, en effet, les membre du Conseil de la nation appartenant au tiers présidentiel ainsi que ceux du Front de Libération nationale (FLN) qui se sont succédés à l'image des députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à l'Assemblée populaire nationale, pour soulever des questions d'actualité et interpeller le Premier ministre. À ce sujet, les questions qui interpellent le Premier ministre et auxquelles il devra répondre sont multiples. Une des questions phare sur laquelle devra se prononcer Ouyahia concerne la réévaluation des projets. C'est le sénateur FLN, Lazhrar Bouzidi, qui a posé cette question en considérant la question de la réévaluation des projets comme étant un “grand problème” qui nécessite d'être traité avec détermination. Preuve à l'appui, il a expliqué que la réévaluation des projets a coûté à l'Etat 850 milliards de DA durant l'année en cours, s'interrogeant sur le montant de 11 milliards de dollars dépensés pour la réalisation des études qui “mènent à la réévaluation”. De son côté, Abderrazak Bouhara, sénateur également FLN, a évoqué la question sociale et de la représentation populaire dans notre pays. La question sociale, qui se pose avec acuité à la société tout comme la représentation populaire, suppose leur intégration dans le processus de réconciliation, pense le sénateur. “La bataille de la réconciliation est un long processus, la qualité de la représentation de la société dans les institutions publiques, les assemblées élues, la relation entre le gouvernement et les gouvernés, tous ces éléments participent à la réconciliation nationale”, dit-il, soutenant que “la réconciliation nationale ne doit pas être un texte”. “Il s'agit de réinstaurer la confiance entre le citoyen et le pouvoir”, dit-il. La problématique des chiffres “satisfaisants” par rapport à une situation sociale délétère a été également mise sur le devant de la scène. C'est Smoudi Mouhand Akli, sénateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui a attiré l'attention de l'Exécutif à ce sujet en exprimant des “doutes” sur les chiffres avancés relatifs aux différents projets, estimant qu'“ils ne reflètent pas la réalité”. La sénatrice du tiers présidentiel, Zohra Drif-Bitat, a soulevé ce même problème lors de son intervention : “Pourquoi malgré ces chiffres positifs que vous avancez, les Algériens ne sont pas heureux et ne vivent pas dans la quiétude ?”, s'est-elle interrogée lundi en s'adressant au Premier ministre. “En dehors des chiffres, dit-elle, il faut s'interroger sur la mal-vie des Algériens et les problèmes qu'ils vivent au quotidien. Ces questions doivent nous interpeller”. Selon elle, “il ne faut pas éviter les problèmes et se soûler en disant on a fait ceci et cela, mais plutôt prendre en charge cette question de mal-vie de façon très sérieuse”. Elle demandera, dans le même temps, des comptes au gouvernement par rapport à la place de l'histoire et du devoir de mémoire dans notre pays, au phénomène des harragas qui semble concerner de plus en plus les femmes et les universitaires, à la sécurité dans la région du Sahel. L'ouverture d'un débat entre les élus locaux et les représentants de la société civile est aussi un impératif aux yeux des sénateurs, et ce, afin de mettre à nu et rendre visible le malaise social des Algériens. La réforme des banques, du service public, la modernisation de l'administration et le renforcement du rôle des collectivités locales, ont été tout aussi soulevés par les sénateurs.