S'il y a un métier très vulnérable dans le monde, c'est certainement celui d'un entraîneur de football. Mis à part Guy Roux (Auxerre) ou encore Alex Fergusson (Manchester United), rares sont ceux qui restent en place pour une période de plus de quatre ans. Il est prêt à sauter lorsque les choses ne vont pas ou tout simplement lorsqu'il faut sacrifier quelqu'un pour rétablir une certaine sérénité au sein d'une équipe. Mais lorsque tout marche à merveille, on évoque rarement son nom. Au FC Barcelone, la machine moderne du football, ce sont plutôt les exploits de Messi, l'opportunisme de Villa, la virilité de Pujol et Gérard, ainsi que la vista du duo Iniesta-Xavi qui sont mis en exergue. La touche du chef d'orchestre Guardiola passe au second plan. Dans le football algérien, on ne déroge pas à la règle où avant chaque fin de cycle (phase aller) ou de saison, plusieurs techniciens n'iront pas au bout de leur chemin. Mais il faut savoir également qu'il n'est pas le propre de l'Algérie du football. Pas plus qu'avant-hier, le mythique club de Liverpool a montré la porte de sortie à son entraîneur Roy Hodgson. Il est clair qu'il s'agit d'une suite logique des évènements du moment que les résultats du grand club d'Anfield Road sont loin des espérances. Mais il y a d'autres cas où des dirigeants de clubs cèdent à la pression même s'il n'y a pas le feu à la maison. Et le mieux indiqué pour remettre de l'ordre et faire baisser la tension : l'entraîneur. L'exemple de l'Inter de Milan est édifiant. Les responsables intéristes se sont séparés de leur entraîneur Rafael Benetez au lendemain de son sacre en Coupe du monde des clubs. Plusieurs facteurs ont précipité le départ de l'Espagnol, notamment une relation très tendue avec certains cadres de l'équipe. Donc, les mauvais résultats constituent la principale cause d'une fin de collaboration entre une direction de club et un entraîneur, mais elle n'est pas la seule. En Europe, la réglementation ne permet pas de changer aussi facilement un entraîneur comme c'est le cas chez nous, et ce, pour diverses raisons. Nous avons demandé à un Européen, le technicien français du MCA, Alain Michel, son avis sur le phénomène de la valse des entraîneurs. Pour lui, elle est relative essentiellement au classement de l'équipe, c'est-à-dire aux résultats. “On ne va tout de même pas changer 15 joueurs et maintenir l'entraîneur. Mais il faut savoir qu'en Europe, le maintien d'un entraîneur est beaucoup plus lié à l'indemnité que devra payer l'employeur en cas de rupture de contrat. Ici en Algérie, une énorme pression est exercée sur le technicien par tout son entourage, ce qui le pousse à craquer et à démissionner”, nous dira-t-il. Concernant son cas, lui qui est toujours en poste malgré les résultats en dents de scie de son équipe cette saison, il dira qu'il est formé pour résister à toute forme de pression. “Personnellement, je continue à travailler tant j'ai l'espoir de faire bouger les choses. Lorsque je m'apercevrai qu'il n'y a rien à faire, je passe à un autre chapitre. Les présidents de club en Europe ne veulent pas se séparer aussi facilement de leur entraîneur car ils seront contraints de payer les indemnités du contrat. Ils essayent de créer un pouvoir stable. L'exemple de Puel à Lyon est important. Malgré l'énorme pression qu'on a exercée sur le président Aulas pour le limoger, ce dernier n'a pas cédé et la suite lui a donné raison. L'OL, après avoir débuté très timidement la saison, l'équipe est revenue aux premières loges. En ce qui me concerne, je pense que mes dirigeants ont du respect pour ce que j'ai et je suis en train de faire au sein de l'équipe. La preuve, ils m'ont fait revenir et moi personnellement je me sens à l'aise avec le Mouloudia. La longévité j'en connais. Je suis deuxième derrière Guy Roux en matière de longévité dans un club puisque j'ai passé dix années à Bourges et le secret réside dans le projet global et les résultats”, nous dira le coach du MCA.