Différents arbres datant de l'époque coloniale (palmiers, faux-poivriers, pins d'Alep, caroubiers, hévéas gigantesques…) de la place publique, du jardin de l'hôpital, de la résidence de la daïra, de l'auberge de jeunes et de l'annexe du CFPA entre autres, sont menacés de disparition sous l'action dévastatrice lente et progressive des hérons garde-bœufs apparus dans la région depuis quelques années. Certains arbres majestueux âgés de près de 150 ans ont dû subir une coupe sévère pour leur survie ; ils ont été réduits à un tronc amputé de son houppier aux branches gigantesques. D'autres se sont progressivement desséchés. C'est le cas de beaux et imposants palmiers dattiers – des arbres ornementaux – qui faisaient partie du paysage d'El-Affroun et dont les fruits, délicatement sucrés et appréciés des oiseaux, faisaient le bonheur des enfants (pour la consommation gourmande et les jeux bruyants). Ce désastre est la conséquence de la nichée de colonies de hérons blancs ou hérons garde-bœufs sur ces arbres. Ces échassiers ravageurs qui se nourrissent des insectes vivant sur les feuilles et dont les cris indisposent fortement les riverains, libèrent des excréments acides et nauséabonds à l'origine de la dégradation des végétaux. Ils lâchent une longue fiente blanche qui coule sous les nids et brûle littéralement les végétaux ; quant au sol (cimenté, carrelé ou dallé), recouvert de cette substance blanchâtre, il est véritablement décapé. “Plus rien ne repousse sous ces arbres où il n'y a pas bien longtemps nous faisions une moisson de fleurs et plantes aromatiques. Les détergents et désodorisants liquides avec lesquels nous nettoyons la cour ne sont pas venus à bout de l'odeur fétide de la fiente de ces oiseaux”, nous signale, dépité, le gardien de l'auberge de jeunes. Les hérons blancs qui peuplent la région depuis une dizaine d'années sans qu'aucune solution n'ait encore été trouvée pour faire les faire disparaître du paysage, se déplacent en nuées bruyantes et envahissent les terres agricoles où on peut les voir perchés sur le dos des bovins qu'ils débarrassent des tiques et autres insectes parasites qui les tourmentent. S'ils rendent, ainsi, en partie service aux agriculteurs, ils constituent, par ailleurs, une menace sérieuse pour l'environnement. Ce qui n'était, il y a quelques années, qu'un désagrément (bruit gênant et odeur forte) prend les contours d'un fléau aux conséquences écologiques dévastatrices. L'inhalation des odeurs de la fiente répandue çà et là provoque, aujourd'hui, des crises chez les asthmatiques. Les caroubiers occupés par ces oiseaux qui pullulent sur certains arbres ne donnent plus de fruits – ces belles et douces gousses brunes. Et ce qui reste de ce végétal, naguère exubérant, n'est plus que touffes de branches dégarnies et aux feuilles blanchâtres. Ce phénomène qui touche, aujourd'hui, différents coins du pays mérite une mobilisation des services qui en sont directement concernés. Pour l'heure, les ravages se poursuivent.