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Hot-dog
Publié dans Liberté le 16 - 01 - 2011

Quand on parle “d'opinion publique” occidentale, on parle à l'inverse de “Rue arabe”. Un défaut sémantique qui en dit long sur la perception déformée des faits et que nous-mêmes nous reprenons mécaniquement à notre compte. Chez les Arabes, l'opinion publique n'existe pas. Seule la Rue a son mot à dire.
L'onde de choc du soulèvement populaire en Tunisie agite les palais arabes. Chefs d'état mal élus, monarques absolus ou leaders atteints par la limite d'âge, tous craignent une contagion “démocratique”.
Mais s'agit-il pour autant d'un changement par la Rue ? Depuis des lustres, médias et observateurs occidentaux privent les arabes d'opinion publique. Elle n'existe pas pour eux. Seule la rue existe et forcément c'est par cette rue que l'émeute, l'insurrection, le changement ou l'opinion se cristallise. Quand on parle “d'opinion publique” occidentale, on parle à l'inverse de “Rue arabe”.
Un défaut sémantique qui en dit long sur la perception déformée des faits et que nous-mêmes nous reprenons mécaniquement à notre compte. Chez les Arabes, l'opinion publique n'existe pas. Seule la Rue a son mot à dire.
Si les Tunisiens sont sortis dans la Rue, c'est qu'ils ont eu leur dose du régime de Ben Ali. Faut-il renouveler l'expérience ailleurs ? Tiens, en Egypte, au Maroc, en Jordanie ou en Algérie disent en cœur les “Spin Doctor” qui veulent redessiner la carte arabo-africaine. Car “l'expérience” est tentante et semble être portée par l'indécrottable idée des stratèges américains que le monde arabe sera “démocratique” ou ne sera… rien. Même pas islamiste !
La menace théocratique semble avoir disparu par enchantement comme un Ben Laden dans une grotte introuvable, appuyée par le discours “Walt Disney” d'Obama au Caire où il appelait les musulmans, et principalement les arabes, à fraterniser avec le “diable”. Du moment que ce “diable” intégriste est en eux, et ne peut s'exprimer que par la violence. Celle des maquis ou celle de la Rue.
Il n'y a qu'à voir l'enchaînement troublant des faits. Le régime corrompu de Ben Ali savait sa chute inéluctable : révélations WikiLeaks, une population aux abois, une armée qui ne cautionne plus la méthode et Washington qui ferme les portes à tout compromis. Résultat des courses, un président qui dégage comme un voleur, Hillary Clinton qui “fait la leçon” aux arabes à Doha et un Obama qui jubile de voir une ouverture pour redorer son blason diplomatique. Il faut dire qu'il n'avait rien à se mettre sous la dent avec les échecs récurrents en Irak et en Afghanistan et avec les humiliations subies par Netanyahu ou Julien Assange.
Il est clair que la victoire du peuple tunisien est totale, mais elle ne saurait être instrumentalisée par ces mêmes forces qui avaient mis Ben Ali au pouvoir en 1987, comme elles avaient mis Saddam Hussein en Irak avant de faire imploser ce pays. Ces puissances qui jouent à faire bouger les lignes comme en jouant au logo, en espérant que cette contagion se fasse en leur faveur. Des régimes autoritaires dociles céderont la place à des opposants tout aussi dociles. Comme on le constate à Bagdad. Une drôle de manière de concevoir la démocratie pour nous autres “bouffeurs de merguez”.


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