Mohammed Ghannouchi, Premier ministre, a annoncé hier qu'il avait formé un gouvernement d'union nationale, comprenant trois chefs de l'opposition, chargé de gérer la transition jusqu'aux prochaines élections. Il a également annoncé la libération de tous les prisonniers d'opinion, la “liberté totale d'information” et la levée de l'interdiction d'activité de toutes les ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l'Homme. Le Premier ministre, qui s'exprimait devant des journalistes au palais du gouvernement, a donné la liste des 19 ministres de ce “gouvernement d'union nationale”, chargé de gérer le pays jusqu'à la tenue des prochaines élections présidentielles et législatives. “C'est un gouvernement qui intègre les différents partis et les composantes de la société civile”, a souligné M. Ghannouchi. Trois chefs de partis politiques de l'ancienne opposition au régime du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui vers l'Arabie Saoudite après 23 ans de règne sans partage, font partie de ce gouvernement. Ces trois personnalités sont Nejib Chedid, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, formation d'opposition légale la plus radicale) au ministère du développement régional, Ahmed Ibrahim, chef du mouvement Ettajdid (Renaissance, ex-communiste), à l'Enseignement supérieur et à la recherche scientifique, et Mustapha Ben Jafar qui dirige le Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), à la Santé. Six membres de l'ancien gouvernement Ben Ali ont aussi été reconduits, dont le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane et celui de l'Intérieur, Ahmed Kriaâ. Des représentants de la société civile figurent aussi dans ce gouvernement. M. Ghannouchi a aussi indiqué que le ministère de l'Information, accusé de censurer la liberté de la presse et d'expression dans le pays, a été supprimé. Il a précisé avoir soumis la liste du nouveau gouvernement au président par intérim, Foued Mebazaa.