«Eviter le scénario irakien et une déstabilisation de l'appareil de l'Etat». Trois jours après le départ de Ben Ali et sa famille pour l'Arabie Saoudite, la vie reprend timidement son cours normal. Meme si des affrontements opposent encore à Tunis forces de sécurité et fidèles au chef de l'Etat déchu et des manifestations continuent. Le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, qui a annoncé la libération de tous les prisonniers politiques, la levée de l'interdiction d'activité de la Ligue des droits de l'homme et la liberté totale de l'information, ouvre une nouvelle page de l'Histoire de son pays. Il a formé hier son gouvernement d'union nationale chargé de gérer la transition jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives. Des représentants des partis politiques dits légaux, y compris le Rassemblement constitutionnel démocratique de Ben Ali (6 membres de l'ancien gouvernement perçus comme peu impliqués dans les affaires, comme les titulaires des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Défense et des Finances ont été reconduits) pour éviter le scénario irakien et de la société civile, y siègent. Deux faits inédits au pays de Ben Ali : un, trois chefs de partis (Najib Chebbi du Parti démocratique progressiste, Ahmed Ibrahim du Ettajdid et Moustafa Ben Jaafar du Front démocratique pour le travail et les libertés) sont dans un exécutif. Le premier comme ministre du Développement régional; le second à la tête de l'Enseignement supérieur et scientifique et le troisième comme ministre de la Santé, deux, le portefeuille de l'Information sera vacant. La rue apprécie différemment cette annonce. Certains la qualifient de «scandaleuse» et mettent en garde le pouvoir contre toute tentative de leur voler leur révolution. Marginalisé par Ghannouchi, Ennahdah, le mouvement islamiste de Rached Ghannouchi, demande un «gouvernement de salut national» sans le RCD et une «Assemblée constituante» pour préparer une nouvelle Constitution.Sans attendre, l'opposant historique Moncef Marzouki annonce sa candidature à la présidentielle.Deux organisations non gouvernementales, Transparency International et Sherpa, s'apprêtent à déposer aujourd'hui à Paris une plainte pour «corruption», visant implicitement Zine El Abidine Ben Ali.