“Notre principal problème, en tant qu'entrepreneurs, n'est pas dans les objectifs de la politique économique nationale ; il est plutôt dans ses modes opératoires et dans la façon dont elle est concrètement déclinée sur le terrain”, a souligné le président du Forum des chefs d'entreprise, M. Réda Hamiani, lors du lancement, hier, à l'hôtel El-Riadh d'Alger, de l'Indice du forum pour la performance de l'entreprise (IFPE 40). C'est là une des dimensions “essentielles du message que véhicule” l'indice IFPE 40, en mettant l'accent sur le “gap” existant entre les choix des politiques économiques et l'opérationnalité des décisions par les administrations économiques. L'Indice du forum pour la performance de l'entreprise est conçu pour donner une image concrète de l'environnement économique de l'entreprise à travers la présentation et l'analyse détaillée de quelque quarante entraves ou obstacles qui handicapent la gestion de l'entreprise algérienne et qui font qu'il “est extrêmement difficile de produire en Algérie”. Les conditions générales dans lesquelles l'entreprise algérienne, publique et privée, évolue au quotidien demeurent, en dépit des réformes entreprises, aussi complexes et fortement marquées par des pesanteurs bureaucratiques. Il ressort des constats faits par M. Mouloud Hédir, lors de la présentation de l'indice, que le dialogue entre les pouvoirs publics et les entrepreneurs “est peu efficace”. L'entreprise n'est pas au centre de la politique économique nationale. Les pouvoirs publics et les entreprises ne parlent pas le même langage, et, enfin, le débat national est dominé par les visions idéologiques au détriment des démarches opérationnelles. Du coup, l'indice IFPE se focalise, principalement, sur les modes opératoires des politiques publiques et sur la manière dont leurs objectifs sont traduits sur le terrain ; autrement dit, dans le fonctionnement au quotidien de l'entreprise algérienne. “Le moins qu'on puisse dire est que, entre les finalités et les modalités pratiques de leur mise en œuvre, le fossé est frappant, et pour tout, dire source majeure d'incompréhension”, souligne le FCE. Le Forum, à travers cet indice, veut repositionner les débats économiques, en les recentrant autour des préoccupations les plus récurrentes telles qu'elles sont exprimées au quotidien par les entrepreneurs. Les 40 contraintes, identifiées dans l'indice touchent au secteur du commerce, aux banques et finances, à l'industrie, à l'exportation, à l'investissement, au droit économique et au dialogue économique. Dans le commerce, le FCE a listé 12 contraintes, entre autres, les lourdeurs du contrôle technique des marchandises aux frontières, les opérations de dédouanement, les surcoûts élevés du transport maritime… évoquant le transport maritime, par exemple, M. Hédir affirme que le taux de fret actuellement pratiqué par les opérateurs du transport maritime international vers ou à partir des ports algériens accuse des surcoûts de l'ordre de 40% en moyenne par rapport à ce qui a cours dans les pays voisins. Concernant les banques, le FCE a relevé 8 obstacles, notamment, l'inexistence, dans la pratique, d'un marché algérien de change à terme et d'un mécanisme permettant aux entreprises importatrices de se couvrir contre le risque de change. Il cite aussi les coûts de transaction des opérations avec l'extérieur, affectés par l'obligation du recours au crédit documentaire comme seul mode de paiement des importations. Les conditions d'ouverture des agences par les banques ont été excessivement durcies… Dans l'industrie, 4 contraintes ont été recensées, dans lesquelles figurent les limites du dispositif actuel de régulation des accès au foncier industriel et l'absence de statistiques fiables sur les Pme algériennes. Concernant l'exportation, le FCE évoque en outre les défaillances de la chaîne logistique à l'exportation, la faiblesse du dispositif institutionnel de soutien à l'exportation et l'interdiction d'exportation de produits alimentaires à base de céréales. En matière d'investissement, le FCE parle, enfin, de difficultés d'accès des investisseurs nationaux pour le développement en aval de matière première, pétrole et gaz… en tout, ce sont 40 thèmes ou entraves techniques qui seront suivis régulièrement par le Forum. M. Hamiani souligne que “le FCE ne vise en aucune façon, à travers la confection de cet indice, à en faire un vecteur de critique de la politique économique publique, mais un moyen de contribuer à une meilleure appréhension de la vision que le monde de l'entreprise se fait de l'environnement économique des producteurs nationaux en vue de rendre plus efficaces les actions de politique publiques qui visent à son amélioration”. Du point de vue du président du FCE, un environnement économique simplifié, lisible et cohérent constitue un facteur déterminant du succès des politiques économiques mises en œuvre par les pouvoirs publics.