Il était présent au 2e Festival international des arts de l'Ahaggar. Il est le fils d'un monument de la chanson africaine, mais également son successeur. Sa musique est un mélange de blues et jazz aux sonorités africaines bien prononcées. Il aime écouter cheb Mami. Liberté : Être le fils d'Ali Farka Touré, est-ce facile à “assumer” ou c'est tout bonnement difficile ? Vieux Farka Touré : Je peux dire que c'est les deux : très lourd et très facile, mais également très fatigant. Parce que quand on est le fils d'une légende, si je peux le dire ainsi, très connue, on doit faire comme lui, cela donne beaucoup de difficultés. Dans ce cas-là, tout le monde vous attend au tournant, se demandant ce que vous allez faire. Quand on est le fils d'un grand artiste, on est forcément toujours confronté à ce genre de situations. Par contre, c'est bien, car cela t'ouvre des portes et ça t'emmène vite très loin. Car seulement avec le nom de ton père, qui est connu, ça t'apporte beaucoup de choses. On vous surnomme l'héritier musical de votre père. Toutefois, il existe une certaine différence entre vous deux sur le plan musical… Comme je l'ai toujours dit, la musique c'est la musique. Chacun est libre de choisir, de réfléchir et de faire comme il veut. Je le dis et redis, la musique n'a pas de frontière. Mon père a fait sa musique, il avait sa propre vision. Est-ce qu'il avait les mêmes points de vue que moi en matière ? Je dirai non parce qu'il avait sa propre vision, sa propre perception de la musique. Mon père n'a jamais été à l'école pour apprendre cet art. Contrairement à lui, je suis diplômé dans la musique. C'est aussi compliqué que ça. Je me suis dit que puisque la musique n'a pas de frontières, et puisque chacun est libre de faire ce qu'il veut, donc j'ai décidé de jouer une autre musique tout en restant dans la tradition, tout en restant dans le même feeling que mon père, mais quand même, faire ce que je sens et comme je le sens. Votre père a refusé, quand vous étiez enfant, de suivre une carrière musicale arguant le fait qu'il est difficile de trouver un label pour un chanteur africain. Qu'en est-il aujourd'hui ? Même aujourd'hui, c'est toujours difficile de trouver un label pour un chanteur africain. Parce que dans le monde musical où on évolue, avec le rap et le rock n'roll, il est difficile pour un chanteur africain de se frayer un chemin. Et quand on arrive à trouver un label, d'autres problèmes surgissent, comme celui de l'obtention du visa. Personnellement, je n'ai jamais été confronté à ça, mais je connais certains artistes qui l'ont été. En tant qu'artiste baignant dans différents styles musicaux, êtes-vous attiré plus par la musique traditionnelle que moderne ? Je suis pour les deux. Il faut être d'abord fidèle à sa culture, tout en apportant cette touche de modernité. On ne peut pas rester dans les années 1950. Il faut qu'on avance, qu'on montre que notre musique peut évoluer, qu'on peut l'emmener là où on veut, quand on veut. En ce qui me concerne, je n'ai pas laissé la tradition, je la pratique toujours, mais j'essaye seulement de la moderniser. Quel regard portez-vous sur la musique africaine ? La musique africaine actuelle est sur la bonne voie. Aujourd'hui, les artistes africains tournent beaucoup, même si la piraterie fait ravage, ce qui est le cas au Mali. Tu enregistres un album, le lendemain à la première heure, vous le trouvez sur le marché sans stickers. On n'arrive pas à comprendre ce phénomène qui prend de l'ampleur, au point qu'on ne compte plus sur le CD en tant que produit, mais sur les concerts qu'on donne un peu partout.