“L'Algérie doit tirer profit du savoir-faire étranger et des IDE si elle souhaite développer des produits à forte valeur ajoutée”, souligne le Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise), dans son dernier rapport sur le partenariat euroméditerranéen 2010, mis en ligne le 18 janvier 2011. “Mais pour cela, elle doit peut-être être moins restrictive vis-à-vis des investisseurs étrangers”, indique le Femise, jugeant la clause selon laquelle 51 % du capital doivent être détenus par les résidents algériens dans les projets d'investissement, comme une contrainte. “Introduire des contraintes administratives a rarement soutenu la croissance économique”, estime le Femise, relevant dans le même temps que “la participation des secteurs privés à la croissance est inférieure au potentiel”. Afin de réaliser un taux de croissance de 10 à 15 % dans le secteur de l'industrie et de 8 % dans l'économie non liée au pétrole, un objectif possible avancé par le ministère algérien de l'Industrie, “les autorités devraient peut-être réévaluer leur approche économique via des partenariats innovants avec des participants étrangers qui aideront à passer d'un régime d'accumulation de capital à un modèle dynamique fondé sur le capital humain et le savoir”, suggère le Femise, indiquant qu' “il serait alors plus facile pour l'Algérie de se familiariser avec les technologies de pointe et d'augmenter progressivement la production locale de produits à forte valeur ajoutée”. Pour le Femise, “le schéma actuel consistant à limiter le secteur privé à l' industrie facile pourrait ne pas être l'approche ‘la plus sage' vers ce à quoi l'économie post-pétrole devrait ressembler”. La contribution des IDE à l'investissement intérieur est moins significative Les IDE vers les PM ont fortement diminué en 2009 par rapport à 2007 de 57,9 à 49,9 milliards de dollars, soit un déclin d'environ 16%. Actuellement, explique, le Femise, “les économies des PM sont confrontées à des marchés de capitaux internationaux plus restreints et à une réduction des financements extérieurs, alors que la suppression du levier financier et l'augmentation de l'aversion au risque ont détourné l'intérêt des investisseurs internationaux de ces économies”. Le Femise a divisé en deux groupes les PM en termes d'attraction des afflux d'IDE. Le premier sous-groupe comprend les pays qui ont réussi à atteindre une croissance considérable des IDE, indépendamment des répercussions de la crise financière mondiale. Dans cette catégorie, le Femise cite le Liban où les IDE ont plus que doublé entre 2004 et 2009, passant de 1,99 milliard dollars en 2004 à 4,8 milliards de dollars en 2009. L'Algérie et la Syrie se trouvent dans une situation similaire ; toutefois, l'augmentation a été moins significative entre 2004-2009, atteignant respectivement 2,84 et 1,43 milliards de dollars en 2009. Le second sous-groupe comprend les PM qui ont atteint une croissance significative d'IDE avant la crise financière de 2008, mais que cette même crise a affectés. Il s'agit de l'Egypte, d'Israël, de la Turquie, du Maroc, de la Jordanie et de la Tunisie. La contribution des IDE aux taux de croissance réels du PIB en Algérie est estimée à 2,02% contre 3,57% en Egypte et 4,2% en Tunisie. Par ailleurs, le Femise relève que la contribution des IDE à l'investissement intérieur “est bien moins significative en Algérie, au Maroc et en Syrie, avec des moyennes autour de 10% des investissements totaux au cours de la période 2004-2008”, contrairement à l'Egypte, la Jordanie, la Tunisie et le Liban. L'ALGERIE A PERDU ENTRE 15 ET 20% DE SON POUVOIR D'ACHAT Le rapport relève que l'économie algérienne a été frappée par la crise, mais les effets sur la croissance ont été atténués. “Il semble que l'Algérie subisse les effets du manque de diversification dans sa structure productive qui aurait pu garantir une productivité supérieure et aurait ainsi atténué les répercussions de la crise sur l'économie réelle”, souligne le document. La réforme économique lancée au milieu des années 1980 n'a pas réglé tous les problèmes structurels de l'économie, à savoir la dépendance agricole des sources étrangères et le manque de diversification dans la structure de production. “Actuellement, environ 75 % des biens de consommation en Algérie sont importés. Dans le même temps, les produits manufacturés et les produits semi-finis représentent moins de 1,5 % des exportations algériennes. Cela signifie que le potentiel de développement d'un marché domestique produisant ces commodités est immense. Stimuler la production nationale dans ces filières est donc devenu une priorité pour les autorités algériennes”, note le Femise. Le rapport indique que “l'Algérie a perdu entre 15 et 20 % de son pouvoir d'achat sur les marchés internationaux entre 2007 et 2009 à cause d'une mauvaise gestion des réserves étrangères et d'un affaiblissement du dollar américain”, précisant que la majorité des réserves algériennes ont été investies en obligations américaines, plus spécialement sur des produits financiers avec une échéance de deux ans. “La baisse des rendements des bons du Trésor américain (de 5 % en 2007 à moins de 0,88 % en janvier 2010) signifie que les 146 milliards de dollars américains des réserves algériennes produiraient 1,2 milliard de dollars américains par an”, indique le Femise, estimant “qu'une telle perte de pouvoir d'achat peut avoir des effets spectaculaires dans la mesure où la devise nationale a déjà perdu près de 30 % de sa valeur par rapport à l'euro, actuellement la principale source de devises pour les importations algériennes. Ces faits se traduisent par une flambée des prix des denrées alimentaires importées et engendrent une situation intenable pour une grande partie des Algériens”, relève le Femise.