Le rapport relève que notre pays a longtemps suivi un modèle de croissance à accumulation extensive, sans pour autant, investir suffisamment dans le développement du secteur privé. «L'économie algérienne a enregistré pour la première fois un taux de croissance inférieur à la moyenne méditerranéenne (moins de 3% contre 4,8% en 2008) -suite aux fluctuations du prix du pétrole et à la crise économique internationale »- C'est ce que relève le dernier rapport du Forum Euro-méditerranéen des Instituts des Sciences économiques (Femise) sur le partenariat euro-méditerranéen. Dans une partie consacrée à l'Algérie, le rapport relève que notre pays a longtemps suivi un modèle de croissance à accumulation extensive, sans pour autant, investir suffisamment dans le développement du secteur privé. «C'est ainsi que l'Algérie subit les effets du manque de diversification de sa structure productive qui aurait pu assurer une productivité plus élevée et à diminuer les retombées de la crise sur l'économie réelle. Les exportations d'hydrocarbures représentent, en effet, la quasi-totalité des exportations totales» note le rapport qui, cette année, traite de la manière dont les pays partenaires méditerranéens sont confrontés à la crise. Le défi pour le pays est donc triple: l'Algérie doit évoluer à moyen terme davantage vers un régime de croissance à productivité et moins à accumulation extensive, elle doit, ensuite, apporter une réponse rapide et efficace à la crise, elle doit, enfin, combattre un taux de chômage en hausse, notamment chez les plus jeunes, qui fragilise la structure sociale. «les réserves en devises considérables du pays, sa quasi-absence de dette internationale, lui permettent de soutenir la demande interne en laissant se creuser les déficits sur les produits manufacturés » souligne le document, estimant qu'il serait dommage «que cette période se prolonge de façon exagérée- et que l'Algérie perde le résultat de nombreux efforts entrepris par le passé -pour développer un tissu d'entreprises privées compétitives, attirer des investisseurs étrangers, transformer le système financier et progressivement préparer l'après-pétrole ». Le Femise estime qu'il est nécessaire de réorienter la politique budgétaire pour protéger la demande intérieure de la baisse du prix du pétrole. «Si le prix du pétrole reste supérieur à 40 dollars, il n'y a pas d'incidence importante sur les comptes publics. Dans le cas contraire, le déficit budgétaire augmentera et le gouvernement sera obligé d'utiliser son Fonds de Régulation des Recettes pour couvrir le déficit » prévoit le document. Le Femise parle de l'amélioration des indicateurs sociaux. La pauvreté a reculé : passant de 14,1% en 1995 à 6,8% en 2004, l'espérance de vie a augmenté et il en est de même pour le taux d'alphabétisation. Le document indique que depuis plusieurs décennies, le pays suit un régime de croissance basé sur le développement du secteur pétrolier ; ce qui le rend fortement vulnérable à la volatilité du cours du pétrole. «Ainsi, seul le secteur agricole devrait connaître une croissance positive en 2009, dans un contexte de prix du baril stagnant et de crise de l'économie réelle » estime le Femise, affirmant que le sentier de croissance doit donc impérativement évoluer vers une dépendance moindre aux recettes du secteur des hydrocarbures. « Même si l'Algérie vise à maintenir à long terme son statut de producteur de gaz et pétrole, et à l'utiliser comme stratégie économique, elle devra accumuler une plus grande part de revenus pétroliers pour accroître les investissements dans les secteurs hors hydrocarbures » suggère le Femise, affirmant que pour l'instant, l'aide du gouvernement au secteur privé n'a guère eu d'effets sur la croissance. Par ailleurs, le Forum Euro- méditerranéen des Instituts de Sciences Économiques note une baisse des envois de fonds des migrants algériens vivant en Europe, même si les transferts des travailleurs vivant à l'étranger représentent une faible part du PIB par rapport aux autres économies méditerranéennes. En 2007, ils représentaient 2,2% du PIB. De fait, l'économie du pays est l'une des moins vulnérables concernant ce canal de transmission. « Néanmoins, le chômage en Europe augmente constamment et les envois de fonds des migrants algériens seront affectés : les premières estimations envisagent une baisse de 17% des transferts courants » indique le rapport. Le Femise souligne que l'investissement reste un des principaux moteurs de croissance du pays, mais l'économie a subi les conséquences sur les investissements directs étrangers qui ont connu une baisse d'environ 3 milliards de dollars en 2008, soit 40% en moins par rapport à l'année précédente. L'abandon ou la mise en veille de nombreux projets financés par les pays du Golfe en sont la cause principale. Pour autant, le rapport relève que l'Algérie a réussi non seulement à être le seul pays parmi les partenaires à maintenir un excédent du compte courant malgré le ralentissement, mais elle est également parvenue à garder un excédent budgétaire en 2008 (+9% du PIB). Ces deux performances s'expliquent par un cours du pétrole élevé pendant la moitié de l'exercice. Néanmoins, les perspectives pour 2009 laissent présager un renversement de tendance : le solde budgétaire devrait enregistrer un déficit d'environ 4,3% du PIB. Le Femise conclut que les capacités logistiques semblent être un réel frein au développement. L'indicateur de performance logistique (LPI) de l'Algérie place le pays en 140ème place sur 150 pays, pointant, notamment, une déficience en matière de réduction de coûts et de barrières administratives et une mauvaise qualité fonctionnelle.