Ça recommence ! Le ballet diplomatique reprend cette semaine. Sauf changement de dernière minute, mardi devait commencer la médiation du Panel des cinq chefs d'Etat africains en Côte d'Ivoire. Les présidents mauritanien, burkinabé, sud-africain, tchadien et tanzanien devaient se rendre à Abidjan pour rencontrer Laurent Gbagbo. Mohamed Ould Abdel Aziz, Blaise Compaoré, Jacob Zuma, Idris Itno Deby, Jakaya Kikwete ont au maximum un mois pour convaincre l'ancien chef d'Etat de céder le fauteuil à Ouattara toujours retranché dans un hôtel à un jet de pierre du palais présidentiel occupé par Gbagbo. Réussiront-ils là où l'ONU, l'UE, Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont échoué ? Rien n'est moins sûr. Car l'UA est partie prenante de la bataille pour établir Ouattara au pouvoir depuis la proclamation de sa victoire par la commission électorale dont le résultat a été validé par la communauté internationale. Les velléités de contestation dans le camp Gbagbo n'ont pas tardé, il ne reconnaît pas la base de la feuille de route africaine pourtant élaboré par un sommet, celui qui vient d'achever ses travaux à Addis-Abeba et qui a mandaté le panel des cinq chefs d'Etats. Gbagbo ne reconnaît toujours pas sa défaite au second tour de l'élection présidentielle, le 28 novembre dernier. Le chef de mission de Gbagbo dans la capitale éthiopienne a accusé les pairs de son président de n'avoir qu'endosser le communiqué de la Cédéao qui parle de la victoire du candidat Ouattara. Sur cette question, l'ambiguïté de l'UA reste entière tant qu'elle n'aura pas solennellement reconnu Alassane Ouattara comme l'un de ses membres et exclu Gbagbo. En effet, s'interroge-t-on dans les milieux proches de Gbagbo, pourquoi envoyer un panel à Abidjan si Ouattara était reconnu comme président élu par l'Union africaine ? Gbagbo, se défendent la plupart des présents à Addis-Abeba, a échappé à la trappe grâce au Sud-Africain Jacob Zuma et Robert Mugabe du Zimbabwe au cours de la houleuse réunion de vendredi dernier. Zuma et Mugabe ont fait prévaloir le principe de la solution pacifique, entraînant avec eux d'autres pays de l'Afrique australe de la Sadc qui estiment qu'il faut trouver une sortie honorable à Gbagbo. Le panel serait donc à Abidjan non pas pour discuter d'un quelconque partage du pouvoir mais plutôt pour essayer de trouver une “solution à l'africaine”. Eviter de recourir à la force. Le SG adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, présent à Addis-Abeba, avait été on ne peut plus clair. “La question de partage du pouvoir ne se pose pas. L'Union africaine, la Cédéao et l'ONU ont parfaitement été claires là-dessus et ont réaffirmé que M. Ouattara est le président légitimement élu de la Côte d'Ivoire, les résultats de la présidentielle sont clairs, il n'est pas question de partage du pouvoir”, a-t-il précisé. Le président de la commission de la Cédéao, James Victor Gbeho, qui a suivi de près les travaux dans la capitale éthiopienne ne dit pas autre chose. Pour lui, il est hors de question de reconnaître en Gbagbo le président de la République de Côte d'Ivoire. “La décision que les chefs d'Etat ont prise est d'entreprendre une initiative pacifique pour faire partir Gbagbo, pas pour légitimer Gbagbo, a-t-il lui aussi préciser. Reste la question de ramener à raison Gbagbo. Jusqu'ici toutes les tentatives ont échoué. À moins que le panel africain à d'autres arguments, plus convaincants. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a averti : “La Cédéao a les moyens de régler cette crise, en cas d'échec du panel, elle saura prendre ses responsabilités en temps opportun.”