La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a dit reconnaître, mardi 7 décembre, en Alassane Ouattara le président élu de la Côte d'Ivoire. Elle a exhorté Laurent Gbagbo, qui a annoncé la composition de son nouveau gouvernement, à rendre le pouvoir. 'Les chefs d'Etat et de gouvernement ont reconnu M. Alassane Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire', a déclaré la Cédéao dans un communiqué. 'Le sommet invite M. Laurent Gbagbo à respecter les résultats de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire tels que certifiés par l'Unoci [mission de l'ONU en Côte d'Ivoire] et à rendre sans délai le pouvoir, dans l'intérêt supérieur de la Côte d'Ivoire', précise le communiqué de l'organisation. Réunis en sommet extraordinaire à Abuja, la capitale nigériane, au lendemain de l'échec de la tentative de médiation de l'Union africaine via l'ex-chef d'Etat sud-africain Thabo Mbeki, les membres de la Cédéao ont aussi annoncé la suspension de la Côte d'Ivoire de l'organisation. Depuis une semaine, le pays est déchiré entre deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara : le premier a été investi vendredi 3 décembre par le Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire, tandis que le second a été reconnu vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale indépendante et la communauté internationale. "Gbagbo est non seulement un tricheur mais un dictateur. Quiconque n'accepte pas le jeu démocratique, le verdict du peuple et le résultat des élections est un dictateur", a ajouté M. Soro, qui a réuni lundi à Abidjan son gouvernement. Le gouvernement de Gbagbo est essentiellement formé de ses partisans qui occupent des postes clés au pouvoir comme Djidji, conseiller influent et ex-ambassadeur à l'ONU et ancien ministre des Affaires étrangères. Quant à l'opposant Ouattara, il a présenté des postes gouvernementaux aux membres de son cabinet, dirigé par M. Soro, et qui a connu l'adhésion de l'ancien ministre des Finances de Gbagbo, Tcharles Kofi Deby. Ces évènements ont provoqué une montée accrue de tension entre les deux camps aggravant davantage la crise en Côte d'Ivoire, suspendue mardi par l'Organisation régionale ouest-africaine (Cédéao), lors de son somme tenue mardi à Abuja (Nigeria. "A partir d'aujourd'hui, nous suspendons la Côte d'Ivoire de toutes nos activités", a déclaré le président du Nigeria, Goodluck Jonathan à la fin du sommet de la Cédéao à Abuja, appelant le président sortant ivoirien à respecter les résultats de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier tels que certifiés par l'envoyé spécial de l'ONU à Abidjan, M. Choi Youn-jin. Mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, M. Choi Youn-jin a réaffirmé que le candidat Ouattara avait remporté la présidentielle ivoirienne "avec une nette avance" sur le président sortant. "Un seul candidat a remporté l'élection, avec une nette avance", a indiqué M. Choi par vidéo-conférence depuis Abuja (Nigeria). "M. Ouattara est le gagnant du scrutin présidentiel", a-t-il insisté, précisant avoir certifié les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI). A l'ONU, une déclaration conjointe du Conseil de sécurité de l'ONU a été bloquée par la Russie, qui estime que le Conseil onusien outrepassait son mandat en déclarant le candidat Alassane Ouattara vainqueur de l'élection ivoirienne. Les Etats-Unis et la France mènent une intense bataille diplomatique pour obtenir le départ de M. Gbagbo. Le président américain Barack Obama a formellement mis en garde le président sortant ivoirien contre un "isolement accru" et dit qu'il subirait les "conséquences de ses actes injustes" s'il s'accrochait au pouvoir. Pour sa part, l'Allemagne exhorté le sortant Gbagbo à "accepter la volonté" de l'électorat et à se retirer". La situation en Côte d'Ivoire risque de prendre une autre tournure du fait des inquiétudes de voir le pays confronté à des violences après des affrontements armés meurtriers entre les deux camps, qui ont fait au moins 20 morts, selon une ONG des droits de l'homme. Inquiète face au climat d'insécurité qui plane sur la Côte d'Ivoire, l'ONU a déjà commencé mardi matin à retirer leur personnel non essentiel du pays, soit 460 personnes au total.