Plusieurs centaines d'Egyptiens “favorables” au maintien du président Hosni Moubarak, dont certains étaient à dos de cheval ou de chameau et armés de fouet, ont attaqué hier des manifestants à la place Tahrir au centre du Caire, laissant croire que le clan du raïs aurait des intentions de plonger le pays dans le chaos avant qu'il ne quitte le pouvoir. Au lendemain de l'allocution télévisée de dix minutes durant laquelle Hosni Moubarak s'était exprimé avec détermination, assurant qu'il resterait jusqu'à la fin de son mandat afin d'“accomplir les étapes nécessaires pour un transfert pacifique du pouvoir”, des scènes de violence se sont produites hier au Caire. Des centaines de partisans du raïs, certains armés de couteaux et de bâtons, sont descendus dans la rue hier, réclamant la fin du mouvement de protestation. Ils s'en sont pris à des manifestants hostiles au régime qui formaient une chaîne humaine sur la place Tahrir, déchirant des pancartes et banderoles. Des bagarres ont éclaté et beaucoup de protagonistes ont été blessés durant ces accrochages, qui ont duré toute l'après-midi. Faut-il en déduire que le clan du président contesté veut plonger l'Egypte dans le chaos, après que Moubarak eut demandé au peuple dans son discours de choisir entre la stabilité, qu'il incarnerait lui et le chaos, qui résulterait de son départ ? C'est une option plausible à laquelle ont déjà eu recours d'autres dictateurs. Un ancien général de l'armée égyptienne, cité par la chaîne d'informations Al-Jazeera, a affirmé que Moubarak ne verrait pas d'inconvénients à ce que toute l'Egypte brûle. Ceci étant, sur le plan international, la pression se fait de plus forte sur Moubarak, après la réaction du président américain Barack Obama à son discours, dans laquelle il soulignait dès mardi soir, après un entretien téléphonique de 30 minutes avec lui, que la transition en Egypte ne devait pas attendre. “La transition en bon ordre doit être profonde, elle doit être pacifique et elle doit commencer maintenant”, a-t-il notamment déclaré. Même son de cloche à Paris, Londres et Berlin, où Sarkozy, Cameron et Merkel ont appelé à une transition immédiate. En effet, le président français Nicolas Sarkozy a souhaité qu'“un processus de transition concret s'engage sans tarder, et permette de répondre au désir de changement et de renouvellement exprimé avec force par la population. Les appels à une démission immédiate se multiplient. Par ailleurs, l'opposition égyptienne a appelé à la poursuite des manifestations sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, et maintenu son grand rassemblement de demain sous le nom de Jour du départ” pour exiger que le président Hosni Moubarak quitte le pouvoir le jour même. Non satisfaite de la promesse du raïs de s'en aller en septembre, elle continue à demander son départ immédiat et ne veut dialoguer qu'avec le vice-président, Omar Souleïmane. Si les Frères musulmans, principale force d'opposition en Egypte, ont annoncé hier dans un communiqué qu'ils refusaient que le président Hosni Moubarak reste à la tête de l'Etat jusqu'à la fin de son mandat en septembre, l'autre grande figure de l'opposition, Mohamed El-Baradeï, a qualifié le dernier discours de Hosni Moubarak de “ruse” et a également réclamé sa démission immédiate. Ceci étant, les forces armées égyptiennes ont demandé hier aux manifestants de mettre fin à leurs actions, affirmant que leur message avait été entendu et qu'il fallait désormais penser à l'avenir du pays et faciliter le retour au calme.