La chape de plomb subsiste toujours avec le maintien du monopole du secteur étatique sur l'audiovisuel. L'annonce du président qui a émané du dernier Conseil des ministres prône l'ouverture des médias audiovisuels, donnant ainsi le droit à la parole de manière équitable aux partis politiques et aux organisations nationales reconnues. “La télévision et la radio doivent donc assurer la couverture des activités de l'ensemble des partis et organisations nationales agréés et leur ouvrir équitablement leurs canaux”, a-t-il déclaré, ajoutant que “la liberté ne devra pas aboutir dans quelque circonstance, que ce soit aux dérapages ou à l'anarchie auxquels l'Algérie a déjà versé un lourd tribut”, suscitant ainsi un sentiment mitigé entre espoir et suspicion de voir les choses changer. Comment peut-il en être ainsi alors que le monopole sur les médias audiovisuels subsiste en l'absence de médias lourds privés tant réclamés aussi bien par la société civile que par les partis politiques de différentes sensibilités. Aujourd'hui encore, les médias lourds ont failli à leur mission avec une couverture médiocre des événements qui ont prévalu en Tunisie, suivis de ceux de l'Egypte jusqu'à se couvrir de ridicule auprès des Algériens dans leur ensemble qui, fort heureusement, ont la possibilité de s'informer véritablement auprès des chaînes satellitaires et des réseaux sociaux sur Internet. Les médias lourds sont également loin d'exprimer les véritables aspirations du peuple. C'est le moins qu'on puisse dire à propos de la Télévison algérienne et de la radio tant décriées par les citoyens autant que les partis politiques, ainsi que les syndicats autonomes et les ONG. Le ministre de la Communication avait pourtant promis, à son tour, il n'y a pas si longtemps, l'ouverture de la télévision à un débat contradictoire pour nuancer ensuite cette ouverture, qualifiant “d'inutile” le passage des partis politiques dans des activités ordinaires, allant ainsi à contre-courant de toute logique démocratique. Le maintien de cette chape de plomb n'arrêtera pas cependant la prise de conscience des Algériens, qu'il sera difficile aujourd'hui de duper ou contenter avec un discours aux effets d'annonce. Le véritable changement ne peut s'opérer qu'à travers l'ouverture au privé et plus de respect envers la presse indépendante. Difficile d'effacer de nos mémoires le discours de Bouteflika qui traitait les journalistes de “tayabet el hammam” alors qu'il n'était même pas encore élu président pour son premier mandat. Difficile d'oublier aussi la déferlante d'invectives, lors de la campagne présidentielle de 2004, à laquelle ont assisté, impuissants, les journalistes de la presse indépendante, traités de “mercenaires, de traîtres et de terroristes”.