Les enseignants de l'Ecole nationale polytechnique se sont mobilisés pour sauver l'avenir des élèves des classes préparatoires et proposent de les accueillir au sein de l'ENP dans les plus brefs délais. Le conflit opposant les étudiants de l'Ecole préparatoire science et technique d'Alger à leur administration n'est toujours pas résolu. La grève entame son second mois et aucune solution ne se profile à l'horizon. “La situation va de mal en pis”, racontent les étudiants qui ne savent plus quoi faire pour que leur cri de détresse parvienne enfin à qui de droit. Les différentes rencontres avec des responsables n'ont abouti à rien de concret. La montée au créneau des étudiants des grandes écoles a quelque peu noyé la contestation de cet établissement préparatoire du fait que les deux dépendent de la même tutelle. Mais les grévistes ne désespèrent pas et poursuivent leur débrayage qui entame son deuxième mois. Dans une nouvelle lettre adressée jeudi au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les grévistes exposent une nouvelle fois les nombreuses contraintes qui les ont poussés à se tourner vers la contestation. Ils citent, entre autres, l'indisponibilité des enseignants vacataires pour une formation dite “d'excellence”, la mauvaise gestion administrative et pédagogique et l'inexistence des travaux pratiques en raison du manque de moyens matériels et de laboratoires. Il faut savoir à ce propos que l'Ecole préparatoire science et technique d'Alger est domiciliée au lycée Emir-Abdelkader de Bab El-Oued. Un établissement qui ne peut contenir et les lycéens et les étudiants et qui de surcroît est loin d'être approprié pour une formation supérieure de qualité visée par le lancement des écoles. Une formation de deux années qui devrait préparer les étudiants au concours d'entrée aux grandes écoles. Mais l'enseignement prodigué jusque-là au lycée Emir n'est point rassurant pour les futurs candidats. Ils proposent, à cet effet, leur transfert “dans les plus brefs délais” de l'établissement secondaire vers une autre structure plus spacieuse et appropriée et dotée de moyens matériels et pédagogiques qu'exige leur formation. Les étudiants proposent leur aménagement dans les locaux de l'ex-Institut de formation des enseignants du moyen situé à quelques encablures de l'Ecole polytechnique. Le soutien des enseignants de l'école polytechnique “Ne pouvant se résoudre à l'idée de voir leurs étudiants et futurs étudiants devenir les otages d'un entêtement qui leur confisque leur avenir”, le Conseil national des enseignants de l'Ecole nationale polytechnique a adressé une lettre au ministre de tutelle. Les enseignants noteront d'emblée que “les résultats des réformes engagées au mépris des mises en garde des professionnels ne souffrent plus d'ambiguïtés et tous les indicateurs sont au rouge”. Le nouveau classement contesté par les étudiants des grandes écoles relégués à la catégorie 13 alors que ceux du LMD tant décrié sont revalorisés “ne peut être perçu que comme un subterfuge et une tromperie qui masque mal la volonté de leur décerner un lot de consolation pour une formation tronquée et sans débouchés”, estime le Conseil des enseignants. Et d'ajouter : “La crème estudiantine qui a décroché plus de 16 de moyenne au bac n'a pas eu droit aux pôles d'excellence” mais a été sommée de “mendier” elle-même son encadrement. Poursuivant leur “réquisitoire”, les enseignants tentent d'éloigner “le danger imminent qui pèse non seulement sur leur école mais aussi sur le développement technologique de la nation” et formulent une série de demandes. La première a trait au retrait immédiat de tous les textes à l'origine de cette situation ; l'adoption d'un décret spécifique aux écoles hors universités ; des mesures urgentes pour préserver l'intégrité de cette école et la prise en charge sérieuse des élèves des classes préparatoires. Les enseignants “sont prêts à se mobiliser pour accueillir ces élèves dans les plus brefs délais avant que leur avenir ne soit définitivement compromis”. Voilà une position qui fait honneur aux enseignants de l'ENP et sur laquelle la tutelle devrait méditer longuement.