Fleuron national de la recherche et de l'enseignement universitaires, l'Ecole nationale polytechnique sombre dans la déchéance. C'est malheureusement la triste réalité à laquelle assistent, révoltés et indignés, les futurs polytechniciens qui la fréquentent. Il faut dire que, depuis sa fondation en 1923, au grand jamais, cette prestigieuse institution n'a connu telle crise. Ainsi, depuis la rentrée universitaire de cette année, l'ENP s'enfonce dans une situation de blocage. Grèves et mouvements de protestation rythment désormais son quotidien. Quant aux cours, ils n'ont toujours pas débuté. En vérité, le chaos a débuté le 27 octobre dernier lorsque le département de Haraoubia a décidé l'installation, d'autorité, de l'école préparatoire au sein même de «polytec». Une décision prise unilatéralement sans aucune concertation avec les enseignants et les étudiants. En conséquence, l'école a dû refuser d'accueillir de nouveaux bacheliers au sein de cet établissement, dont l'infrastructure vétuste ne suffit même plus à répondre aux attentes de ses propres étudiants. Pour leur part, les enseignants ont exprimé, dès le début, leur désaccord concernant l'installation de l'école préparatoire. «On veut, de cette manière, sceller la disparition de «polytec» en la divisant en deux écoles. Une école préparatoire pour les privilégiés, avec leurs enseignants, et une autre pour les étudiants ordinaires qui ne trouvent même pas de salle pour étudier», confient-ils à ce propos. De leur côté, les étudiants n'ont pas hésité à réagir à cette cacophonie générale en déclenchant une grève qui dure depuis cinq semaines. Les étudiants de l'ENP ne décollèrent toujours pas. A les écouter, seul le départ de la directrice actuelle pourra faire épargner l'école de ses difficultés. «Nous ne comptons pas reprendre les cours tant que nos revendications ne sont pas prises en compte», précisent les délégués des étudiants de cette école qui nous ont contactés hier. Cela fait donc plusieurs semaines que les étudiants se battent pour le règlement de la question des emplois du temps de l'Ecole polytechnique. En effet, ces étudiants jugent inacceptable le fait d'avoir des séances programmées jusqu'à 18 heures. «Allez voir aussi l'état des salles dans lesquelles ils veulent nous parquer ! Non seulement elles sont insalubres, mais elles sont également dangereuses avec des murs et des toits fissurés», signalent aussi ces délégués, qui dénoncent au passage le manque d'équipement de ces salles alors qu'elles doivent accueillir un grand nombre d'étudiants. Pour remédier à ce problème, indigne d'une grande école, les étudiants exigent l'installation immédiate de salles préfabriquées. Par ailleurs, la fourniture de l'ensemble des documents administratifs non-encore délivrés, cause toujours problème pour les étudiants de «polytec». Ces derniers s'indignent également de l'exclusion de leurs collègues du département des sciences fondamentales, lequel a été fermé cette année. Les étudiants grévistes réclament à ce sujet une solution pour leurs camarades. Le déficit accusé dans l'encadrement, notamment en langues étrangères, et le problème des stages de fin d'études préoccupent énormément ces étudiants qui revendiquent plus que jamais l'équité entre étudiants en matière d'études. Déterminés, ils promettent d'aller jusqu'au bout de leur contestation pour «sauver ce qu'il reste de notre école», affirment-ils unanimement. On le constate bien, plus rien ne va à l'Ecole nationale polytechnique. A. S.