Avant-hier, 19 février 2011, alors que nous étions à l'écoute des évènements qui secouent notre pays et la région dans son ensemble, la triste nouvelle de la disparition de notre vieil ami, Boualem Bourouiba, s'est abattue sur nous, nous laissant encore une fois dans le désarroi de l'orphelin. Un de ses proches me disait, comme pour conjurer l'atmosphère de deuil qui nous accablait : “Il était tellement heureux de voir enfin l'Algérie secouer les oripeaux de la dictature et s'ouvrir à nouveau aux espérances démocratiques.” Comment peut-on rester indifférents au souvenir de cet homme, de ce militant de toutes les causes émancipatrices, de la libération nationale et de l'autonomie syndicale, de la liberté et de la démocratie ? Déjà dans les années soixante, alors que nous étions étudiants à l'université d'Alger et que nous nous battions contre la caporalisation de l'UNEA par le FLN, devenu parti unique, Boualem Bourouiba et ses compagnons de l'UGTA, qui menaient le même combat, constituaient pour nous un repère et un soutien indéfectible. Plus tard, alors que, devenus enseignants du supérieur, notre section syndicale était interdite puis dissoute par le régime du parti unique, c'est toujours ces anciens de l'UGTA historique que nous trouvions à nos côtés. En octobre 1988 et dans les deux années qui suivirent, Boualem Bourouiba était venu apporter son soutien à la Coordination interuniversitaire pour la démocratie (CCIU) et participer aux tables rondes qu'elle organisait. Depuis ces tristes années, l'âge faisant, il a pris sur lui d'écrire ses mémoires et a fini par produire le 1er tome d'un immense travail sur les syndicalistes et le syndicalisme algérien. Nous perdons tous un jour ou l'autre le père que la nature nous a donné, mais beaucoup d'entre nous perdent aussi un second père, auquel nous nous référons par l'esprit et l'exemple qu'il représente pour toute une génération. Daho Djerbal, historien et directeur de publication de la revue Naqd