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« Moi, Boualem ancien syndicaliste déçu... »
Boualem Bourouiba. Membre fondateur de l'UGTA, il jette un regard sans complaisance sur l'activité syndicale
Publié dans El Watan le 23 - 02 - 2006

« Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur Et quand il croit ouvrir ses bras Son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur, il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce. »
Louis Aragon
Sur les hauteurs d'Alger, à son domicile où il a bien voulu nous recevoir, ses proches devraient fredonner le fameux Happy birthday to you, car ce vendredi 24 février, Boualem fêtera ses 83 ans au milieu des siens, avec une pensée « prolétarienne » pour le cinquantenaire de la création de l'UGTA, dont il est l'un des membres fondateurs. Si sa date de naissance coïncide avec l'avènement de la Centrale syndicale cela relève beaucoup plus du hasard que de l'incongruité. Aujourd'hui, l'ancien syndicaliste jette un regard sans complaisance sur son parcours parsemé de hauts et de bas, de luttes répétées à une époque où les idéaux n'étaient pas de vains mots. « Actuellement, tout s'est dilué dans un matérialisme débridé sans grande importance », regrette-t-il avec une pointe de nostalgie. C'est que l'homme est un battant, un cheminot qui ne s'est pas contenté de regarder passer les trains. Cette qualité, il la tient de son père qui lui a « refilé » le métier.
Un cheminot qui a fait son chemin
« Mon père était un homme à principes très rigoureux, proche de ses enfants et particulièrement soucieux de respecter ses engagements », assure-t-il. Son père, Mohamed a transmis le « virus » à ses enfants Mahiedine et Boualem qui se feront un point d'honneur de perpétuer la tradition au sein de la famille. Une vieille famille algéroise qui a dû se déplacer au gré des mutations du père appelé à exercer ici et là. C'est ainsi que Boualem est né à El Kseur où son paternel officiait en qualité de chef de gare. Mais il retourna à Alger où ses enfants grandirent. Boualem effectua son service militaire au Maroc parmi les tirailleurs marocains mais à son grand bonheur il ne fit pas partie de la fameuse campagne d'Italie pour aller guerroyer à Monté Cassino. « C'était ma chance », se souvient-il. Après sa démobilisation, il renoue avec le rail en 1946 où il exerce à Bouira. Dès sa première paie, il s'offre la carte de militant CGT. « C'était une obligation plutôt morale, car à l'époque, il y avait des restrictions. Comme le syndicat distribuait des rations de force, sorte de complément alimentaire, il était de notre intérêt d'être syndicaliste. » Voilà pour l'anecdote, mais c'est son entrée au PPA en décembre 1945 qui l'a le plus marqué. « A l'époque, j'étais à Saint Eugène, et on venait juste de sortir de l'horrible massacre du 1er mai 1945 à Alger, dont l'un des martyrs Ziar Abdelkader habitait notre quartier. Cela nous a profondément touchés. » Après une parenthèse professionnelle à Bouira où il poursuit son militantisme, il rentre à Alger où il apprend que ses amis du parti l'avaient choisi pour figurer sur les listes électorales. Il est largement élu et exercera deux mandats en tant que conseiller municipal. Stratégique position pour un nationaliste invétéré se permettant le luxe d'avoir un pied dans l'administration. Parallèlement, Boualem ne ménage pas ses efforts à l'OMSE qui renfermait des joueurs de talent comme Zouba, Zitouni, Yacef Saâdi, Guendriche, Mehdaoui et des dirigeants d'envergure comme Tamzali Rachid entre autres. « Les dirigeants étaient des nationalistes, le scoutisme, le foot et la politique étaient des vecteurs d'une identité à recouvrir », soutient-il avant de renchérir : « Il m'arrivait de faire des reportages sportifs dans le Journal d'Alger qui me rapportaient 5000 F que je mettais dans les caisses du club. » Nous emprunterons à noter ami, le regretté Laâdi Flici sa célèbre chronique sur le foot restituant les faits de l'époque. « L'OMSE écrase l'équipe pied-noir, le FCR par 7 buts à 1 au stade Marcel Cerdan. A la première mi-temps, l'OMSE mène par 2 buts à 1. Deux buts marqués par Zitouni et Bourouiba. Le but de l'équipe de Rochambeau a été marqué par Roth. A la deuxième mi-temps, l'OMSE bat nettement le FCR. Zouba passe à Berkani qui marque le 3e but. Mais après ce fut un festival. Un festival appelé Zitouni, qui au cours de cette partie a inscrit 4 buts. El Mehdaoui et Aït Saâda ont fait une excellente partie. Aïzel Abdelatif et Zouba ont participé grandement au succès de l'OMSE. Côté FCR, il y a Roth, Bertelone, Ferrigno et Izzo le gool. Tous enfants de Vercingetorix ». Les luttes ouvrières accaparaient ses activités, puisque Boualem était responsable de l'union des syndicats des cheminots avec des Algériens aux commandes comme Belmihoub, Mada Mohamed, Naïm Youcef, Misraoui Meziane, Zerdani. Dès 1947, le PPA/MTLD avait créé une section chargée de préparer la constitution d'une commission centrale des affaires sociales et syndicales. Ils étaient une douzaine d'Algériens ayant des relais à travers les cellules du parti. « Il y avait Benaïssa Attalah, Zitouni Ahmed, Djermane Rabah, Ramdani Mohamed, Bourouiba... » En 1953, le congrès du PPA/MTLD s'était réuni et avait décidé d'engager les travailleurs à créer leur propre centrale. « Hélas, la scission du parti a remis cette opération aux calendes grecques. La situation était inextricable. C'était la débandade. Il y avait les messalistes, les centralistes, les partisans de l'action, le CRUA, les indécis et je ne sais quoi encore. »
La diversion de la CGT
Dans cet embrouillamini, la CGT s'attellera à lancer une ultime tentative de diversion qui consistait à « algérianiser » la fameuse Centrale générale du travail (CGT), vu la tournure des événements. Peine perdue puis les Algériens ne tomberont pas dans le piège tendu et prendront leurs distances avec cette structure qui avait qualifié les premières actions du FLN d'actes isolés et individuels. Mais le FLN était investi de syndicalistes décidés à créer leur structure. « Pour ce faire, nous nous sommes déplacés à Paris puis à Bruxelles pour contacter la confédération internationale des syndicats libres, pendant de la Fédération syndicale mondiale, d'obédience communiste. » Devant ce déploiement, on assista à quelques velléités messalistes à l'origine de la création de l'USTA, le 14 février. « C'était la goutte qui a fait déborder le vase. C'en était trop pour nous qui croyions au FLN. C'était certes un mythe, un mirage mais le parti suscitait un engouement extraordinaire. Le17 février nous avons eu une rencontre avec Abane Ramdane, Ben Khedda, Aïssat Idir et moi-même. Et le 24 du même mois, nous nous réunissons près de Ketchaoua dans un local mis à notre disposition par l'UDMA qui nous avait même prêté la ronéo. C'est dans ce cercle que nous avons tenu le congrès. Nous étions une cinquantaine de membres. C'est Aïssat qui en a présidé les travaux. Une coordination s'est dégagée composée de Aïssat, Benaïssa, Djermane, Ali Yahia Madjidet moi-même. L'impact a été grand, car si l'activité a été enrayée par la répression, en France a été créée l'Amicale générale des travailleurs algériens (AGTA) qui a grandement contribué à aider la fédération FLN de France. » Boualem de par son expérience fut d'un grand apport en tant que membre fondateur dans la création de l'UGTA au moment crucial où la répression s'abattit sur le peuple algérien. Boualem en paya le prix en allant croupir dans les sinistres camps. Lorsqu'un sujet le fâche, il essaie d'abord de l'éluder, se résignant enfin à l'aborder. Il fronce ses sourcils broussailleux, ses yeux clairs s'illuminent. Dans sa voix, les mots sont toujours pesés pour ne pas blesser. Hormis une audition qui lui joue parfois des tours, l'homme a gardé la plénitude de ses moyens. Il sait être mélancolique lorsqu'il évoque avec peine la descente aux enfers de ce syndicalisme qui a donné tant d'espoirs. « Le syndicalisme n'est plus ce qu'il était », regrette-t-il. A l'indépendance, l'UGTA a été prise en otage, victime de deux tendances. Les partisans de l'autonomie et ceux qui voulaient l'atteler au parti. Finalement, ce sont ces derniers qui eurent le dernier mot. « C'est la conséquence du parti unique qui nous a été imposé à Tripoli. L'UGTA était réduite à n'être qu'un appendice du parti. On nous a fait croire à une certaine autonomie. Mais dans les faits, c'était autre chose. En janvier 1963, lors du premier congrès, ils ont fait un push. Les partisans de l'autonomie que nous étions avons été poussés vers la sortie. » Depuis, on connaît la trajectoire et les résultats qui en ont découlé. Le constat est sans appel.
Un regard critique
« C'est un regard plein de regrets. Nous avions les moyens en 1962 de construire un véritable syndicalisme suffisamment fort pour apporter les changements attendus dans le sort des travailleurs, en procédant à une répartition équitable des richesses. On aurait pu effacer les blessures occasionnées par la France coloniale depuis 1930 et les séquelles de la guerre de libération. Cela n'a pas été le cas. Les événements et les changements intervenus n'ont fait qu'éloigner ce rêve, cette ambition : quel gâchis ! » Son appréciation sur le syndicalisme d'aujourd'hui. « Je n'aurais pas un regard sévère envers Sidi Saïd. Vous savez, le syndicalisme n'est pas un fait isolé. Il est imbriqué dans la société, et en subit toutes les pulsations. Tout compte fait, personne ne remplit sa mission convenablement. Les partis ne jouent pas leur rôle. Actuellement, on utilise un terme à la mode : la refondation qui n'existe même pas dans le dictionnaire. Benhamouda a marqué le syndicalisme algérien. Il avait beaucoup d'ambition pour les travailleurs. Malheureusement, on ne peut rien faire si les gens sont parachutés, si les désignations sont faites en dépit du bon sens. Regardez les mouvements sociaux et les revendications portées par les éléments représentatifs dans le secteur de l'éducation. Je ne comprends pas l'attitude du ministère qui pousse au pourrissement. Et puis, c'est quoi cette attitude de l'Etat qui bloque les agréments ? » Quid des violations des conventions de l'OIT relatives aux libertés syndicales que l'Etat algérien a pourtant ratifiées. « En février 1956, il nous a suffi de déposer nos dossiers à la préfecture pour être reconnus. En pleine guerre, nous avons pu militer jusqu'en 1957, et le syndicat n'a pas été dissous. C'est pourquoi, il est temps de se resaisir. Nous avons une chance inouïe, c'est de pouvoir disposer des moyens financiers importants. Depuis 1962, nous avons formé énormément de cadres partis exercer ailleurs. Que fait-on pour les considérer en fonction de leur valeur et leur donner toutes les possibilités pour transformer ce pays. C'est là, à mon sens, où pourrait se situer la réconciliation nationale. »
Parcours
Boualem Bourouiba est né le 24 février 1923 à El Kseur (w. de Béjaïa). Employé aux Chemins de fer algériens (SNCFA) comme son père, il s'éveilla vite au militantisme puisqu'il intégra très jeune le PPA avant de s'affilier à la CGT, toujours avec cet ardent désir de défendre la liberté et la dignité des travailleurs. Il contribuera, en pleine tourmente de la longue guerre de libération, le 24 février 1956, à la création de l'Union des travailleurs algériens (UGTA) dont il sera l'un des animateurs de sa relance au lendemain de l'indépendance. C'est au sein du milieu familial que l'adolescent se forgea une personnalité. « Mon père nous parlait souvent des difficultés rencontrées durant son jeune âge pour gagner sa vie. Il dut occuper une dizaine d'emplois précaires avant d'être enfin embauché aux Chemins de fer algériens de l'Etat (CFAE). »


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