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Un dictateur doublé d'un fou déchaîné
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 02 - 2011

Le bain de sang promis par Seif El-Islam ElKadhafi est en train de se produire en Libye. Le décompte des tués parmi la population civile s'élèverait à plusieurs centaines et le massacre continue, sans que le monde extérieur puisse en quantifier avec certitude le nombre de victimes qui s'accroît au fil des heures.
El-Kadhafi, ses fils et leurs proches sont déterminés à exterminer tous ceux des Libyens qui se sont soulevés pour en finir avec leur mainmise sur la Libye, son Etat et ses richesses. Pour ce faire, ils ont engagé contre le soulèvement populaire un effroyable arsenal militaire servi par leurs fidèles partisans dans l'armée, des miliciens et des mercenaires étrangers à leur solde. Cela va du fusil jusqu'à l'arme blanche, en passant par les chars et l'aviation. C'est en fait une véritable guerre que la famille El-Kadhafi a déclarée à son peuple.
Les esprits dérangés du dictateur, de ses fils et de tous ceux qui ont partie liée avec leurs intérêts leur font froidement envisager d'instaurer la paix des cimetières pour pouvoir rester aux commandes du pays. Ils poursuivent implacablement ce terrifiant objectif. Le monde entier sait que Kadhafi est en train de commettre un crime aux dimensions dépassant ceux que ses ex-collègues en dictature, Ben Ali et Moubarak, ont ordonnés avec l'espoir de conserver leurs pouvoirs. Pourtant, aucune voix officielle ne s'est encore élevée pour dire leur fait au dictateur et à ceux qui lui sont associés dans la sinistre besogne.
A croire que le dictateur libyen ne terrorise pas son peuple uniquement. Depuis une semaine que la Libye est plongée dans le chaos, qu'il est démontré qu'en plus de la police, des miliciens et de militaires restés fidèles, El-Kadhafi stipendie des mercenaires africains pour briser la révolte populaire. Tout ce que l'on entend des milieux officiels internationaux, ce sont des déclarations appelant à «la retenue» et au non-usage de la violence. Les Libyens ont naïvement cru qu'en se révoltant contre leur dictateur et son régime, ils pouvaient compter sur l'appui de pressions internationales autrement plus dissuasives sur ces derniers que celles qui s'exercent depuis le début de leur soulèvement.
Se pose, au vu des réactions internationales, la question de savoir à partir de quel seuil le massacre à huis clos qui a lieu en Libye deviendra inacceptable aux yeux du monde et El-Kadhafi sommé sans ambiguïté de mettre un terme à la guerre qu'il fait à une population désarmée.
Si El-Kadhafi a, pour des raisons d'intérêts multiples, bénéficié du préjugé de détenir une once de légitimité, cette guerre qu'il mène contre son peuple a irrévocablement mis à nu cette fiction. Pour El-Kadhafi et son clan, la Libye est un «patrimoine familial», comme l'a crûment fait comprendre son fils Seif El-Islam. Lequel, sans être investi d'aucune fonction officielle dans la hiérarchie et les institutions de l'Etat, est celui qui pourtant est à la manœuvre pour briser le soulèvement populaire. Ce « patrimoine familial », a-t-il menacé, sera sauvegardé même au prix du génocide.
Dans le cas de la Libye, il ne s'agit pas uniquement d'un dictateur déterminé à conserver son pouvoir, il y a la folie collective d'une famille et d'une parentèle qui tuent et massacrent parce que convaincus qu'on veut les dessaisir d'un bien - la Libye - qui leur appartient par droit de propriété. Y a-t-il à attendre d'eux qu'ils entendent les appels à la retenue et au non-usage de la violence ? Ceux qui font semblant d'y croire cachent en fait d'inavouables calculs que la chute d'El- Kadhafi pourrait rendre aléatoires.


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