Ben Ali et son clan sont chassés du pouvoir. La formidable révolution démocratique du peuple tunisien a balayé la sanguinaire dictature de Ben Ali. Les Tunisiens se sont libérés de la peur, ont affronté à mains nues les forces de la répression… Ce que vit la Tunisie, en ce début d'année 2011, restera, dans l'histoire contemporaine de la Tunisie et du monde arabe, comme un fait majeur. C'est un bouleversement sans précédent. Le rapport entre les pouvoirs et les sociétés ne sera plus identique. L'autoritarisme n'est plus une fatalité pour nos peuples. La révolte pacifique est possible — elle est le passage obligé pour changer l'ordre des choses. Les Tunisiens ne voulaient pas se laisser, encore une fois, embobiner par les promesses de Ben Ali sur des réformes, pourtant réclamées de longue date. Ben Ali, c'est l'histoire d'un pouvoir sans partage en Tunisie depuis 23 ans. Mais c'est aussi une histoire qu'on peut vérifier dans presque l'ensemble des pays arabes. Les Tunisiens viennent d'administrer une leçon à tous ceux qui considèrent que nous ne sommes pas prêts pour la démocratie et que le maintien du statu quo est une nécessité absolue pour empêcher les islamistes d'accéder au pouvoir. Une vision simpliste, accommodante… Pour les autorités algériennes, c'est un camouflet d'une exceptionnelle intensité. Le système politique tunisien, tenu d'une poigne de fer, une répression aveugle, un mépris des droits de l'homme, un cynisme inégalé, était pourtant le modèle… Que va-t-on faire à présent en Algérie, alors que Ben Ali est chassé du pouvoir par la rue ? Accentuer la répression en interdisant l'expression politique pacifique — comme on vient de le faire pour la marche du RCD — ou alors changer de cap définitivement en écoutant la voix de la raison, en engageant le pays sur la voie de la démocratisation et de la réforme politique ? Les Algériens se révoltent, à intervalles réguliers, de manière bruyante et parfois violente. Ce sera toujours ainsi si les dirigeants ne prennent pas la mesure de ce qui, en profondeur, agite notre société. La révolte populaire des Tunisiens est à présent le nouveau phare du monde arabe.