Jeudi, une grande tension a régné au paisible village de Djenien Meskine, dans la commune de Zahana, wilaya de Mascara. Les jeunes de ce village, mitoyen à la cimenterie de Zahana, se sont révoltés contre l'exclusion, mais surtout contre le chômage alors que la cimenterie de Zahana est implantée à quelques centaines de mètres de leur village. “La cimenterie emploie des jeunes de toutes les wilayas et communes environnantes et nous autres jeunes de Djenien Meskine n'en recevons que la poussière qui pollue notre environnement et cause des maladies à nos familles et nos enfants”, déclareront les jeunes en colère, qui ont bloqué l'accès au travailleurs de la cimenterie venant d'Oran et des autres wilayas environnantes. En fait, la cimenterie de Zahana n'a pas fonctionné jeudi. Les jeunes protestataires ont incendié des pneus aux portes de la cimenterie et se sont mobilisés avec fermeté, interdisant l'ouverture de l'usine. “Puisqu'on refuse de nous recruter dans cette usine, on ne lui permettra plus de fonctionner. On n'acceptera plus d'inhaler la poussière qu'elle dégage.” Un des chômeurs protestataires a déclaré : “Je suis père de famille, mes deux enfants souffrent de problèmes respiratoires, c'est le cas de la grande partie des habitants de notre village.” Il ajoutera : “Les maladies de la peau sont également répandues parmi la population de Djenien Meskine, ce n'est pas avec des ordinateurs offerts au CEM que la direction de la cimenterie va nous faire taire cette fois-ci.” La protesta des jeunes s'est poursuivie jusque dans la soirée de jeudi, quand ils ont investi la cimenterie et ont incendié un véhicule de service. Hier, les jeunes faisaient le guet devant la cimenterie. Ils nous ont déclaré : “On exige qu'on soit tous recrutés, nous sommes une centaine, les postes existent.” Ces jeunes ont rappelé qu'il y a quelques années, ils avaient observé le même mouvement de protestations, que des postes avaient été créés dans cette cimenterie mais qu'ils n'ont profité qu'à une dizaine d'entre eux, les autres ont été réservés aux proches et parents des ingénieurs et cadres de cette usine, venus d'autres wilayas. L'on apprendra que suite à des négociations entre ces jeunes et la direction de la cimenterie, “une quarantaine de postes leur ont été offerts”. Cette proposition a été refusée par les protestataires qui exigent d'être tous recrutés.