N'ayant plus qu'une partie de Tripoli sous son contrôle, le leader libyen est désormais isolé sur la scène internationale, après la série de sanctions décidées à l'unanimité contre lui et ses proches par l'organe exécutif des Nations unies, qui a également saisi la Cour pénale internationale. L'étau se resserre chaque jour davantage autour de Mouammar Kadhafi, qui ne peut désormais plus quitter Tripoli, où il est encerclé par les manifestants, et coincé aussi par les sanctions onusiennes l'empêchant de voyager à l'étranger. Ainsi, même ses soutiens à l'étranger l'ont lâché, à l'image de la Russie et de la Chine qui ont fini par se ranger du côté des autres membres du Conseil de sécurité en votant à l'unanimité la résolution de sanctions contre le régime Kadhafi. Emboîtant le pas aux Nations unies, la Grande-Bretagne a levé hier l'immunité diplomatique sur la famille Kadhafi. Cela étant, c'est sans difficulté que l'organe exécutif de l'ONU avait adopté, samedi à l'unanimité, une résolution imposant des sanctions sévères au colonel Mouammar Kadhafi, à sa famille et à des proches du régime. Un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes est désormais imposé à la Libye, ainsi qu'une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant seize personnes, dont Mouammar Kadhafi, sept fils et sa fille, et des personnes intimement liées au régime. Par ailleurs, considérant que “les attaques systématiques” contre la population civile en Libye actuellement en cours “peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité”, les Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont décidé de transférer au procureur à la Cour pénale internationale (CPI) la situation en Libye depuis le 15 février et demandent aux autorités libyennes “de coopérer pleinement” avec le tribunal. Cette décision a été longuement contestée par certains pays, qui ont émis des objections. Il s'agit de la Chine, de la Russie, de l'Afrique du Sud, de l'Inde, du Brésil et du Portugal. Le recours à la CPI était d'autant plus discuté que six Etats du Conseil de sécurité n'en sont pas membres, dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie. L'ambassadeur de Libye à l'ONU, Abdurrahman Chalgam, ancien ministre des Affaires étrangères, avait cependant fait parvenir une lettre samedi au Conseil de sécurité dans laquelle il déclarait soutenir le recours à la CPI. Après le vote, l'ambassadeur a souligné que le régime libyen n'avait “plus aucune légitimité”. “Cette résolution sera un signal pour mettre fin à ce régime fasciste qui existe encore à Tripoli”, a-t-il dit. Un gel des avoirs financiers du colonel Kadhafi, de quatre de ses fils et d'un proche du régime a été décidé lors du vote, qui a eu lieu en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Dans le même ordre d'idées, les membres du Conseil demandent en outre la fin immédiate des violences et que des mesures soient prises pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen. Ils exhortent les autorités libyennes à agir “avec la plus grande retenue”, à “assurer la sécurité de tous les étrangers”, à “assurer le passage sûr des fournitures humanitaires et médicales” et à “lever immédiatement toutes les restrictions sur toutes les formes de médias”. S'agissant de l'embargo sur les armes, il concerne toutes les ventes et tous les transferts de toutes les catégories d'armes et de munitions, de même que toute assistance dans le domaine militaire à la Libye. Pendant ce temps, les évacuations massives d'étrangers fuyant la Libye se sont poursuivies dimanche, avec l'arrivée, notamment, d'un navire militaire italien à Catane, en Sicile, avec près de 260 personnes à bord, alors que 100 000 personnes ont déjà quitté le pays. “Près de 100 000 personnes”, des travailleurs égyptiens et tunisiens principalement, ont fui la Libye pour les pays voisins, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés qui tente de leur venir en aide. L'exode se poursuit.