Après avoir pris le contrôle de la majeure partie des villes libyennes, les manifestants se dirigent vers Tripoli dans le but de faire tomber le régime, dont les sbires n'ont pas hésité hier à tirer sur la population après la prière du vendredi. Conscient de la gravité de la situation, Mouammar Kadhafi est apparu à la Place verte de Tripoli pour haranguer ses partisans. Le colonel Kadhafi s'est de nouveau montré hier, en fin d'après-midi, appelant, du haut d'une grande bâtisse de la Place verte de Tripoli, ses partisans à combattre l'opposition. C'est une ultime tentative de reprendre le contrôle de la situation, alors que les manifestants ont entrepris de marcher sur la capitale. Kadhafi est apparu pendant cinq minutes pour galvaniser ses troupes en leur demandant de “sortir pour défendre la Libye”. Ceci étant, les manifestants, qui avaient prévu de se rassembler sur la Place verte à Tripoli, après la grande prière du vendredi, ont été pris pour cible par les forces de sécurité libyennes déployées autour des mosquées de la capitale. Au moins cinq personnes ont été tuées lorsque les forces de sécurité libyennes ont ouvert le feu sur des manifestants dans le quartier de Djanzour, dans l'ouest de la capitale de la Libye. Alors que certains rassemblements ont été dispersés, d'autres ont pu se tenir. “Les forces de Kadhafi tirent sur les manifestants à Djanzour (...) De cinq à sept manifestants semblent avoir été tués il y a un quart d'heure dans les manifestations à Djanzour”, a affirmé un témoin. Les combats ont commencé aux abords de Tripoli dès jeudi, mais les heurts signalés vendredi sont les premiers dans la capitale libyenne. Des sources concordantes assurent qu'une des bases militaires de Tripoli est désormais aux mains des insurgés. Par ailleurs, les opposants s'étaient attaqués à l'arme lourde à Zawiyah, située à 50 km de Tripoli, où des soldats de Mouammar Kadhafi ont ouvert le feu à l'arme automatique et détruit le minaret de la mosquée au missile anti-aérien. Ainsi, l'étau se resserrait vendredi, au onzième jour de l'insurrection contre le pouvoir du dirigeant Mouammar Kadhafi, pris entre l'opposition qui affirme avoir libéré l'est et des combats violents dans des villes de l'ouest. L'annonce d'une aide de 400 dollars aux familles libyennes, ainsi que l'augmentation de 150% des salaires de certains fonctionnaires, n'ont apparemment eu aucun effet sur les Libyens plus que jamais déterminés à se débarrasser de leur “guide”. La ville de Misrata, tombée sous le contrôle des manifestants n'est qu'à 213 km de Tripoli. La troisième ville de Libye, a été désertée par les loyalistes au régime de Mouammar Kadhafi, même si des affrontements ont eu lieu sur une base aérienne. Des informations rapportées par les chaînes d'informations satellitaires affirment que plus de quarante mille manifestants de Tadjoura, située dans la banlieue de la capitale libyenne, se dirigent vers le centre de Tripoli pour acculer Kadhafi dans ses derniers retranchements et l'obliger à quitter le pouvoir. Il est même question que de nombreuses tribus ont décidé d'en faire de même. Maintenant, il est clair que l'issue de la bataille de Tripoli dépend de l'efficacité du bataillon d'élite dirigé par son fils Khamis. Cette brigade est considérée comme la plus performante des trois “unités de protection du régime”, constituées de 10 000 hommes au total, selon une source américaine. Ces bataillons sont les seules forces armées rattachées directement au “guide de la révolution”, tandis que le reste de l'armée est essentiellement composé d'appelés et subit une désertion massive, dit-on de même source. Si la brigade jouit d'un matériel récent et se montre plus déterminée que d'autres forces libyennes, les responsables américains ne savent pas à quel point elle s'est engagée dans les combats visant à maintenir Kadhafi au pouvoir.