Jusqu'à hier, les Etats-Unis n'arrivaient pas à convaincre tous les pays membres de l'OTAN à se joindre à son initiative d'intervenir militairement contre le régime Kadhafi, qu'ils veulent faire tomber le plus vite possible, alors que l'USS Kearsarge, un porte-hélicoptères de transport de chalands de débarquement, et deux vaisseaux l'accompagnant font route vers la Libye. * Une intervention militaire contre la Libye est jusqu'à maintenant écartée par Washington, qui en fait pourtant son option privilégiée, car ses alliés sont très partagés sur la question, à l'image de Paris qui a mis en avant la nécessité d'un feu vert de l'ONU pour créer une zone d'exclusion aérienne en Libye, et souligné le risque de réactions négatives du monde arabe. Pour le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, une intervention militaire de l'Otan en Libye “mérite d'être regardée à deux fois” et pourrait être “extrêmement contre-productive” dans l'opinion arabe. Dans le même ordre d'idées, le conseil de la ligue des Etats arabes au niveau des délégués permanents a adopté mardi le projet de décision rejetant toute intervention militaire étrangère en Libye qui a été soumis hier à la réunion des ministres des Affaires étrangères. Le projet de texte souligne également la nécessité de préserver l'intégrité territoriale du pays, l'accélération de l'acheminement des aides au peuple libyen et la formation d'une commission d'enquête, a indiqué le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli, dans une déclaration à la presse à l'issue des réunions. Devant cette situation, les hauts responsables militaires américains ont reconnu qu'il n'y avait pas de consensus pour l'instant à l'Otan sur une intervention militaire en Libye et que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne serait “extraordinairement compliquée”. “Il n'y a pas de consensus au sein de l'Otan pour le recours à la force”, a déclaré Robert Gates lors d'une conférence de presse commune avec le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, chef d'état-major interarmées. Mike Mullen a indiqué que toutes les options allaient être examinées. Mais il s'est aussi montré prudent à propos de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne. En dépit de cette opposition aux options militaires américaines, un navire de guerre US se rapprochait hier de la Libye. En effet, l'USS Kearsarge, un porte-hélicoptères de transport de chalands de débarquement, et les deux vaisseaux qui l'accompagnent ont emprunté le canal de Suez en provenance de la mer Rouge. Une fois en Méditerranée, le navire peut parvenir rapidement au large de la région de Tripoli, dernière zone encore contrôlée par Kadhafi, qui s'accroche au pouvoir malgré la contestation populaire et la pression de la communauté internationale. Le groupe d'opérations amphibies du Kearsarge, avec quelque 800 marines, une flotte d'hélicoptères et des installations médicales, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires. Les stratèges militaires américains planchent sur plusieurs scénarios qu'ils proposeront au président Barack Obama, mais le flou demeure concernant l'éventualité d'une intervention militaire, selon un responsable de la défense.